La structure des bâtiments du Centre ancien de Rennes hier, aujourd’hui et demain
Ils ont été bâtis il y a 200, 300 ans, voire plus. Ils font le charme et la beauté du centre historique. Mais… il y a un mais ! À force de modifications et de négligences, les immeubles à pans de bois, qui enchantent vos visites au coeur de Rennes, se sont dégradés, très lourdement pour certains. Ce n’est pas toujours visible depuis la rue, mais à l’intérieur, on peut être très étonné de l’état de délabrement des parties communes, des façades arrière et des habitations. Comment en sommes-nous arrivés là, comment réaliser un diagnostic et quelles sont les solutions ? Explications.
C’est l’un des piliers de l’opération Rennes Centre ancien : nous assurer que les bâtiments du secteur sauvegardé soient préservés et réhabilités dans le respect de leur conception initiale. Pour cause, la plupart d’entre eux ont fait l’objet de modifications et d’interventions, tout en faisant abstraction de leurs caractéristiques techniques et patrimoniales. D’autres ont aussi subi un manque d’entretien, donnant lieu à l’apparition de pathologies diverses.
La construction… et les évolutions
Vous ne pouvez résister à l’élégance des maisons à colombages lorsque vous déambulez dans les rues du centre historique rennais ? Sachez que cet assemblage en pans de bois constitue avant toute chose le squelette des bâtiments, leur structure primaire.
Toutefois, chaque époque s’est accompagnée de son lot de tendances, d’interventions et de transformations. Parmi les modifications qui ont pu fragiliser ces bâtisses, on peut citer les surélévations, les extensions, la suppression d’éléments de structure dans les combles, ou encore celle de conduits de cheminée. Le but recherché était généralement de gagner de l’espace en altérant ou en ôtant des éléments que l’on trouvait « gênants ».
Lors de ces travaux, les propriétés des bâtiments ont souvent été ignorées. En effet, les différents éléments de charpente forment un ensemble organisé et solidaire, de même que les conduits de cheminée imbriqués les uns avec les autres constituent la « colonne vertébrale » des immeubles.
D’autre part, certaines interventions ont eu pour conséquence de surcharger le bâtiment. C’est notamment le cas lorsque l’intérieur a été divisé pour multiplier le nombre de logements, que des chapes de béton ont été créées ou encore que les combles ont été aménagés…
Pour d’autres immeubles, les travaux de maintenance et de réfection ont été totalement inexistants durant plusieurs dizaines d’années. Et ce, alors que les structures dépendent fortement de l’évolution de leur environnement. Elles nécessitent donc d’être entretenues et rénovées régulièrement pour assurer leur stabilité !
Les pathologies et leur effet domino
Outre les interventions préjudiciables ou l’absence d’entretien, l’état de certains bâtiments est parfois la conséquence d’une méconnaissance du terrain dès la construction.
On identifie ainsi plusieurs types de pathologies sur leur structure :
- – l’usure naturelle,
- – l’encrassement des enduits,
- – les infiltrations et le ruissellement d’eau,
- – les fissures au niveau des élévations,
- – le pourrissement du bois.
En conséquence, ces immeubles sont touchés à plusieurs endroits et à différents degrés :
- – les façades sont sujettes à l’humidité,
- – les escaliers, caves, murs, plafonds et sols sont altérés,
- – les structures sont infestées d’insectes xylophages (charançons, petites vrillettes… qui se nourrissent de bois mort),
- – les dispositifs de sécurité incendie sont défectueux voire inexistants,
- – les canalisations sont obsolètes.
Aujourd’hui, il devient indispensable de garantir la viabilité structurelle de ces édifices, mais il est tout aussi important d’assurer le maintien des normes d’habitabilité (installation de sanitaires, éclairage naturel, aménagement d’un coin cuisine…). Ainsi, il peut être très périlleux d’intervenir sur ces éléments sans faire appel à un homme de l’art. Car c’est ce dernier qui saura comprendre le fonctionnement de la bâtisse dans son ensemble, et qui déterminera comment intervenir sans fragiliser sa stabilité globale.
Le constat et la réhabilitation
Certes, nous ne pouvons pas revenir en arrière ni rétablir avec exactitude l’historique de ces structures. Mais aujourd’hui, grâce aux professionnels spécialisés sur le sujet des immeubles à pans de bois (UDAP, artisans, bureaux d’étude…), nous disposons d’une large connaissance des particularités, de l’histoire et des pathologies de ces bâtiments.
Chaque immeuble étant unique, il faudra commencer par réaliser un diagnostic exhaustif afin de déterminer ses caractéristiques patrimoniales et l’état de sa structure. À partir de cet état des lieux, un programme de travaux pourra être établi, ainsi qu’un calendrier de réalisation. Des données qui seront retranscrites dans un permis de construire instruit par les services de la Ville de Rennes, l’UDAP et le SDIS. Ce n’est qu’après l’obtention de cette autorisation que les propriétaires pourront engager les travaux de réhabilitation de leurs immeubles. Pour cela, ils seront toujours encadrés par les professionnels qui auront assuré la phase de diagnostic et d’élaboration du programme.
Une autre de nos missions consiste à assurer le suivi des procédures instaurées par la mairie et la préfecture lorsqu’un danger est imminent (effondrement de cheminée, décrochage d’enduits, affaissements de plancher, par exemple). Elles visent à mettre en demeure les propriétaires de bâtiments dégradés pour que les travaux nécessaires à leur réhabilitation soient réalisés.
Lorsqu’ils sont pris en main suffisamment tôt, les désordres constatés peuvent être traités sans avoir à déployer de gros moyens financiers, matériels et humains. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de l’entretien et du diagnostic des bâtiments, en cohérence avec leurs caractéristiques patrimoniales et techniques… C’est ainsi que les Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat (OPAH) et le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) prennent tout leur sens !