Les rues Bonnes Kozh : les hermines de la rue Saint-Georges

Nous vous avons déjà présenté les hermines de la place des Lices, de la rue Pont aux Foulons et de la rue Saint-Michel. Elles ont aussi pris leurs quartiers dans un passage incontournable de la vie rennaise : la rue Saint-Georges. Vous pourrez les apercevoir à deux adresses — précisément aux numéros 17 et 24. Que cachent leur fourrure immaculée et ce regard profond ? On vous dit tout !

Qu’y a-t-il dans le passé de la rue Saint-Georges ?

Vous vous y êtes sans doute attardé pour profiter d’un coin de fraîcheur les jours d’été ou manger un morceau avec vos collègues. Mais pourquoi cette rue suscite-t-elle autant d’intérêt ? Un plongeon dans les archives nous renvoie au IIe siècle : on pouvait déjà l’apercevoir dans la cartographie de Ptolémée, au sein de la cité de Condate (nom alors donné à la ville de Rennes). Au XIIIe siècle, la rue Saint-Georges était désignée comme une voie importante menant à l’abbaye éponyme.

Les événements s’enchaînent en 1554, lorsque Henri II sacre Rennes capitale de Bretagne et siège du Parlement, conduisant à l’essor du quartier. Si la rue Saint-Georges est aujourd’hui réputée pour ses commerces et ses crêperies, c’était surtout pour ses hébergements qu’elle était connue à cette époque.

Les appartements et autres hôtels ont été aménagés dans des bâtiments à pans de bois, épargnés par l’incendie de Rennes de 1720. Certains sont d’ailleurs encore intacts et peuvent être vus si vous levez la tête au détour d’une balade ! Aujourd’hui, la rue Saint-Georges abrite pas moins de 13 immeubles classés ou listés au titre des monuments historiques.

Les hermines Bonne Kozh du 17 rue Saint Georges

Que mijotent les hermines du 17 rue Saint-Georges ?

L’immeuble situé au numéro 17 semble être l’un les plus anciens de la rue. Les études et diagnostics réalisés ne permettent pas de le dater avec précision — mais en comparaison avec d’autres bâtiments, on estime qu’il a pu être construit au XVIe siècle. A-t-il abrité de nobles magistrats et leurs familles ? Laissons-nous guider par notre imagination !

Ce bâtiment a été affecté par le temps, le passage et les nombreuses interventions humaines, ce qui a conduit la collectivité à prendre un arrêté d’insalubrité sur l’immeuble pour assurer la sécurité de ses occupants. Des travaux ont donc été réalisés suite à un diagnostic OPAH-RU, conformément au Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV). Les objectifs :

  • remettre en état les façades, intégrant la réparation ou le remplacement des structures défectueuses, la cage d’escalier, les réseaux, le traitement de la cour…
  • mettre en sécurité incendie l’ensemble de l’immeuble (le logement du 3ème étage a été rendu secourable grâce au remembrement avec celui sur rue).
  • réhabiliter lourdement l’ensemble des logements insalubres (trop petits, sans éclairement naturel, sans ventilation…) ;
  • respecter les méthodes de construction et les matériaux d’origine,
  • produire des logements en loyer maîtrisé accessibles à des locataires modestes..

Le chantier a été réceptionné en 2018. Nous avons également acquis le local commercial du rez-de-chaussée, qui abritait auparavant la crêperie Le Kerlouan. À présent, nous avons pour mission de superviser — avec l’aide de tous nos partenaires — les travaux de réhabilitation et de restructuration du local pour le remettre sur le marché en encadrant l’activité future.

Les hermines Bonne Kozh, rue Saint Georges
Les hermines Bonne Kozh du 24 rue Saint-Georges

Et au numéro 24 ?

Construit à la même époque, l’immeuble du 24 rue Saint-Georges a une grande valeur patrimoniale, du fait de sa composition urbaine et architecturale. On peut encore y voir les menuiseries des baies, qui datent du XVIIIe siècle. À ce titre, sa démolition comme son altération sont interdites par le PSMV.

Toutefois, à l’intérieur, les dégradations se sont multipliées d’année en année. Des appartements traversants ont notamment été divisés en logements, et le comble perdu a été aménagé, mettant en danger la structure du bâtiment et ses occupants. Face à l’inaction des propriétaires privés et à ces modifications abusives, la collectivité a décidé d’engager une DUP (Déclaration d’Utilité Publique) de restauration immobilière en 2014 sur l’immeuble. Tout comme pour le local commercial du 17 rue Saint-Georges, nous avons fait l’acquisition de l’ensemble de ce bâtiment en 2017 afin de prendre en main sa restauration.

Aujourd’hui, la priorité est de restructurer et d’améliorer les logements pour produire une nouvelle offre de logement et de réhabiliter le commerce situé au rez-de-chaussée.

Au programme :

  • pallier les difficultés d’accès (escaliers, couloirs, locaux communs de services…),
  • traiter les façades, la couverture, les réseaux, la cage d’escalier notamment,
  • intervenir sur les désordres structurels de l’immeuble,
  • restaurer et redéfinir le comble perdu,
  • fusionner les appartements pour limiter le nombre de logements à un par étage, et passer ainsi de 10 logements à 4,
  • sécuriser l’ensemble de l’immeuble et rendre secourables toutes les habitations,
  • remplacer les menuiseries obsolètes.

Les hermines veilleront au grain pour la “Bonne Kozh” le temps des allées et venues des ouvriers au cœur de la rue Saint-Georges.

Crédits photos : Cyril Folliot et Franck Hamon / Destination Rennes.