Les rues Bonne Kozh : les hermines de la rue du Pré Botté

Savez-vous que la rue du Pré Botté n’a pas toujours eu la configuration que nous lui connaissons ? Surplombée par le bâtiment de la rédaction de Ouest France, elle doit son nom à un ancien pré, qui s’étendait jusqu’à la rue Jules Simon. Aujourd’hui, c’est un passage incontournable du centre-ville. Connaissant son potentiel, les hermines ont choisi de s’y installer, au numéro 16 plus précisément. Récit.

La genèse de la rue du Pré Botté

À l’origine, le Pré Botté bordait donc la Vilaine. Cette prairie se trouvait au niveau de l’actuelle cale de débarquement, entre les ponts de Berlin et de Nemours.

Devenue une rue, aménagée et urbanisée, dans les années 1600 et 1700, on l’appelait alors la rue Jumelle. À cette époque, elle pâtissait d’une mauvaise fréquentation. Aujourd’hui, la rue du Pré Botté est foulée par des milliers de passants chaque jour, des passagers des transports en commun aux particuliers qui travaillent ou habitent sur l’une ou l’autre des rives.

Le caractère historique des bâtiments de la rue du Pré Botté

Si, comme de nombreux Rennais, vous pensez que le centre ancien et le périmètre du secteur sauvegardé de la ville se cantonnent à la rive droite, détrompez-vous ! La rue du Pré Botté en fait également partie, tout comme celle du capitaine Alfred Dreyfus, par exemple, où nous avons été amenés à intervenir pour préserver le patrimoine. Si ces adresses ne sont pas incluses dans les délimitations du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur, elles n’en demeurent pas moins intéressantes et doivent donc être respectées d’un point de vue architectural et historique.

Plan centre historique Rennes

Les immeubles qui ornent la rue du Pré Botté revêtent en effet un caractère patrimonial. Ils ont été érigés entre les XVIIe et XIXe siècle et conjuguent des modes constructifs documentés et à préserver, à l’instar des pans de bois, comme c’est le cas au numéro 16.

Derrière la façade du 16 rue du Pré Botté…

Si les hermines ont élu domicile à cette adresse, c’est parce que nous avons fait l’acquisition d’un local en rez-de-chaussée pour accompagner la réhabilitation de la copropriété… et encadrer une future implantation (restaurant, artisan, boutique…). Car rendre au Centre ancien ses lettres de noblesse, c’est aussi contribuer à redéfinir la stratégie commerciale pour tout le secteur, de manière à redynamiser certaines activités au cœur de la ville. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de notre mission commerce, pilotée par Hélène Ribierre.

En raison de leur état de dégradation, les immeubles constituant la copropriété du 16 rue du Pré Botté ont fait l’objet d’un arrêté de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) de restauration immobilière en 2017.

Des travaux obligatoires ont été prescrits pour garantir la sécurité des occupants (secourabilité des logements, révision des installations électriques, entre autres), améliorer l’habitabilité de certains appartements (notamment en termes d’éclairage naturel), résoudre les désordres structurels et rénover les parties communes.

Après une première phase de diagnostic, la copropriété, son maître d’oeuvre et les partenaires de l’opération Rennes Centre ancien ont travaillé à l’élaboration d’un programme de travaux. Celui-ci a fait l’objet d’un permis de construire et il couvre aujourd’hui plusieurs volets, à savoir :

  • – Restauration des façades et réfection de la coursive arrière du bâtiment A,
  • – Réalisation de l’ensemble des recoupements au feu nécessaires et du désenfumage dans les cages d’escalier,
  • – Mise en place d’une échelle Jomy pour rendre accessible le logement du dernier étage du bâtiment G,
  • – Restauration des menuiseries bois — voire remplacement si nécessaire,
  • – Agrandissement de certaines baies dans le bâtiment G,
  • – Réfection du porche et de la cour commune,
  • – Mise aux normes de l’ensemble des réseaux (eau et électricité),
  • – Reprise des pièces d’eau présentant des problèmes d’étanchéité.

Des travaux qui devraient démarrer courant 2022, pour donner un nouveau souffle à la copropriété dans son ensemble… et peut-être même à la rue du Pré Botté. Nous y veillerons !

Crédits images : Cyril Folliot // Martin Lavielle

L’entretien du bâti ancien : une action indispensable pour préserver le patrimoine

Le mois dernier, nous avons dédié un article à la rue Saint-Michel, au cœur du centre historique de Rennes. L’immeuble situé au numéro 20 est un projet emblématique de notre opération. Il illustre les conséquences d’un manque d’entretien et des impacts liés à des modifications, intervenues au fur et à mesure du temps, qui se sont révélées incompatibles avec le bâtiment d’origine.

Pour assurer la sécurité des habitants et pérenniser la structure de l’immeuble, aujourd’hui défaillante, une intervention sur l’ensemble de l’édifice est fondamentale. Retour sur les causes de ces déformations et les enjeux de cette réhabilitation.

Le 20 rue Saint-Michel : un projet représentatif

Constitué d’un niveau de cave, d’une cellule commerciale en rez-de-chaussée et de logements privés répartis sur 3 niveaux, cet immeuble du XVème siècle, modifié au XVIème siècle, est fidèle à l’architecture de l’époque.

Les appartements, en majorité loués par des tiers, sont rarement habités par leurs propriétaires. Face à un marché locatif en tension, le bâtiment a subi d’importantes interventions pour optimiser les capacités d’occupation : modification de la travée sud par une extension, coulage de chape béton, suppression de la cheminée située au rez-de-chaussée.

Ces transformations successives, pour la plupart incompatibles avec les principes constructifs de tels bâtiments, ont entraîné un basculement des cheminées entre le 20 et le 20bis, construits simultanément. Les changements opérés ont provoqué une inclinaison de 17cm — aussi appelée dévers —, observée entre les parties nord et sud de l’immeuble.

C’est en 2011, suite à la fracture d’une poutre porteuse, qu’un arrêté de péril est pris assorti d’habiter et d’exploiter, interdisant l’occupation des logements et du commerce. 

Face à l’inertie et au refus des copropriétaires pour engager une campagne de travaux, Territoires Publics acquiert à l’amiable l’immeuble dans le cadre d’arrêté préfectoral de déclaration d’utilité publique de restauration immobilière, pris en 2017.  

Une acquisition nécessaire pour la réhabilitation

Une phase de diagnostic est alors entamée par l’atelier d’architecture Le Garzic Architectes, le bureau d’études structures Forces Et Appuis et le cabinet Brocéliande Ingénierie pour les fluides et réseaux. Cette étude préalable permet de déterminer l’état général du bâtiment notamment la structure et les réseaux, et de vérifier l’habitabilité et la secourabilité du bâtiment.

Dans le cadre du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), l’immeuble est cartographié en “gris moyen”. Cela signifie que “la démolition, l’enlèvement ou l’altération sont interdits”. Les interventions portant sur la structure ou la répartition des volumes sont alors soumises à des conditions strictes et imposent de préserver une architecture en pans de bois, celle d’origine du bâtiment.

Les détériorations observées lors du diagnostic soulèvent le besoin d’intervenir sur la structure du bâtiment afin d’arrêter l’effet de basculement. Ce dévers est le résultat d’un ajout postérieur, qui correspond sur le plan actuel à la cage d’escalier et aux pièces d’eau des quatre logements situés côté rue. Les conclusions de l’étude préconisent la démolition de la travée sud au profit d’une reconstruction en filière sèche. D’un point de vue technique, seule l’utilisation de la brique permettrait de contreventer le dévers. Le permis sera déposé en septembre prochain.

Un chantier de longue haleine

Le 20 rue Saint-Michel est un projet emblématique de notre opération puisqu’il cumule les principaux désordres recensés sur le centre ancien de Rennes, nécessitant notre intervention : manque d’entretien sur le long terme, suppression d’éléments de structure et mise en œuvre de matériaux non conformes. Ces failles mises bout à bout ont eu d’importantes répercussions sur l’état général de l’édifice.

Le coût total des travaux est estimé entre 1.600.000€ HT et 1.900.000€ HT. Deux années complètes seront nécessaires pour réhabiliter les 450m2 de surface. Cette durée comprend notamment une phase de curage et de démolition, indispensable pour purger le bâtiment.

À l’issue, 5 logements et 1 cellule commerciale seront réhabilités, pour accueillir de nouveau des résidents et un commerçant dans cette rue pleine de vie. Les appartements remis sur le marché répondront aux normes de décence, de sécurité et de secourabilité pour assurer le confort des occupants.

Une vigilance indispensable 

Comme l’illustre le 20 rue Saint-Michel, l’absence d’entretien peut avoir des conséquences désastreuses sur le long terme et donner lieu à une fragilisation globale du bâti ancien. De la même manière, les interventions réalisées, sans considération des particularités de ces bâtisses, peuvent entraîner de lourds travaux de réhabilitation. En veillant régulièrement à l’état des maisons à pans de bois, des désordres structurels ou pathologies peuvent être constatés à temps pour être traités rapidement. Cette vigilance limitera le budget et la durée des rénovations.

Si chaque immeuble présente un caractère unique, l’enjeu reste toujours d’en assurer l’entretien, tout en respectant les spécificités architecturales du centre ancien. Et c’est là le cœur de notre mission !

Crédits photos : Cyril Folliot

« Premières Pierres » : rencontre avec des artisans d’exception

Rennes Centre ancien est une opération qui vise à réhabiliter les immeubles historiques. Si chaque chantier a ses spécificités, l’enjeu reste le même : respecter l’histoire architecturale et conserver l’âme des bâtiments. Cela nécessite de faire appel à des artisans spécialisés, aux compétences techniques particulières. Et c’est grâce à leur savoir-faire que la magie opère : adapter les habitations sans pour autant dénaturer l’existant. Ces orfèvres du bâti valorisent ainsi le patrimoine et œuvrent dans des rues emblématiques du centre ancien — que de nombreux Rennais empruntent chaque jour. C’est pourquoi nous avons voulu les mettre à l’honneur. Comment ? En leur dédiant une série de vidéo-portrait.

Cette première vidéo est consacrée aux maçons traditionnels de l’entreprise Joubrel, sollicités pour la rénovation du 14-16 rue Pont aux Foulons. Ces professionnels allient des techniques parfois ancestrales à leur savoir-faire unique. Pour découvrir leur travail, direction les coulisses !

L’Œilleton, des vidéastes passionnés

À l’origine de cette série, un collectif nommé L’Œilleton. Ces vidéastes ont été en résidence à l’Hôtel Pasteur, qui héberge des projets multidisciplinaires. Cette ancienne faculté dentaire a fait l’objet d’une réhabilitation complète. En parallèle des travaux, L’Œilleton voit le jour et réalise un montage retraçant l’évolution du chantier, avec la volonté de garder un souvenir visuel et animé.

Suite à ce premier projet réussi, nous les avons sollicités pour réaliser des courts-métrages.

Cet épisode, intitulé “Premières Pierres”, suit l’évolution des travaux dans la rue Pont aux Foulons, qui rallie la place Saint-Anne à la rue le Bastard. Une immersion avec les différents façonniers qui s’attèlent à préserver l’une des maisons à pans de bois du centre ancien.

14-16 rue Pont aux Foulons : un bâtiment atypique du Centre ancien

C’est au 14-16 de la rue Pont aux Foulons que s’est déroulé le tournage. Deux immeubles du XVII-XVIIIe siècles liaisonnés par leurs parties communes (couloir d’accès et cage d’escalier), ayant des gabarits similaires — à savoir 2 niveaux de cave, rez-de-chaussée, étages puis combles, — à la différence que le n°16 dispose d’un étage supplémentaire. Ainsi, si l’on se place rue Pont aux Foulons, l’édifice semble moins haut que s’il est observé côté cour, où les deux niveaux de caves sont visibles.

Le diagnostic ayant mis en lumière d’importants désordres structurels, deux ans de travaux seront nécessaires pour la remise en état de cette bâtisse. Situées sur les anciennes douves, les fondations ont dû être consolidées. Les réseaux seront également mis aux normes et le bâtiment sera sécurisé en cas d’incendie, avec notamment une reprise complète des parties communes et des accès. Autre poste des travaux : les anciennes coursives à l’arrière de l’immeuble. Elles ne sont plus visibles actuellement, mais leur dessin sera remis en valeur. Ce projet, piloté par Territoires Publics (maître d’ouvrage), et conçu par l’atelier Severine Touchet Architecte (maître d’œuvre), illustre les défis relevés au quotidien par les acteurs qui réhabilitent le centre ancien.

Maçons du bâti ancien : des artisans aux mains d’argent

Pendant ces quelques minutes de visionnage, vous découvrirez les savoir-faire des maçons traditionnels. Ces artisans interviennent à différentes phases de la réhabilitation d’un bâtiment. Ces professionnels travaillent des matériaux traditionnels, tels que la pierre et la chaux. Dans cet extrait, vous les observez manipuler et tailler des pierres afin de restituer le manteau d’une des cheminées, constituant une des colonnes vertébrales de l’immeuble.

Au fil des minutes, vous entendrez les témoignages de Jean Christophe, Bastien et Adrien sur l’importance de l’apprentissage et de l’expérience terrain. Car au quotidien, ces maçons composent avec les spécificités de chaque immeuble. Ils œuvrent à réutiliser, autant que faire se peut, les mêmes matériaux déjà sur place ou issus d’autres chantiers de réhabilitation. Côté Rennes Centre ancien, nous tendons à revaloriser les éléments qui peuvent être réemployés — un des enjeux majeurs au cœur de notre réflexion.

Rendez-vous dans 2 ans rue Pont aux Foulons !

À présent, vous connaissez un peu mieux l’envers du décor de cet immeuble atypique du centre ancien. D’ici deux ans, les artisans laisseront la place à de nouveaux résidents. Vous pourrez alors pousser les portes des nouveaux commerces et découvrir le résultat de leur ouvrage.