Les rues Bonne Kozh : les hermines de la Place des Lices

Après un premier épisode sur les hermines de la rue Pont aux Foulons, nous continuons notre série d’articles à la découverte des commerces et des rues habitées par ces majestueux mammifères — cette fois-ci, Place des Lices.

S’il faut parfois les chercher dans les rues de Rennes, les hermines Bonne Kozh ne sont pas passées inaperçues Place des Lices. Car elles occupent un bâtiment central de ce lieu de vie bien connu des Rennais, pour ses restaurants, ses bars, et surtout pour son grand marché. L’immeuble qui les abrite est situé en hauteur : il faut monter quelques marches pour y accéder. Musiciens, chanteurs, danseurs et spectateurs s’y retrouvent chaque samedi, été comme hiver.

700 ans d’histoire

Le nom de Place des Lices lui a été attribué au XIVe siècle, en 1327 très précisément. Ce champ clos accueillait alors un tournoi entre chevaliers, organisé pour le mariage de la Duchesse de Bretagne. Dix ans plus tard, en 1337, un certain Bertrand Du Guesclin décide de participer à un tournoi sur cette même place, alors qu’il en a l’interdiction — une querelle avec son père l’aurait amené à fuir de chez lui. Masqué et sans blason, il remporte tous ses duels contre une dizaine de chevaliers (12 ou 15 selon les récits), avant de refuser de combattre son père. Son dernier adversaire réussit à faire tomber la visière de son heaume, Bertrand Du Guesclin est démasqué. La foule est en liesse. Son père, ému et fier, reconnaitra ses talents.

Depuis, la place des Lices accueillera d’autres tournois… et les exécutions des criminels, pendus et exposés au pilori. En 1622, le marché s’installe sur cette place encore située hors les murs de la ville, de l’autre côté des remparts. Aujourd’hui, le marché des Lices est le deuxième plus grand marché de France.

Vue aérienne du marché des Lices (2016). Crédit photo : Destination Rennes / Julien Mignot

Les hermines du 11 Place des Lices

Les hermines Bonne Kozh logent temporairement dans cet immeuble du XVIIe siècle. En 2009, la copropriété réalise un diagnostic OPAH qui met en exergue des désordres structurels et des besoins de travaux importants. Les propriétaires privés, ne pouvant faire face à l’importance de la réhabilitation de leur immeuble, décident de vendre leur bien à ville de Rennes.

Dans le cadre de sa concession d’aménagement, Territoires Publics finalise les acquisitions à l’amiable en 2013, et indemnise le locataire commercial en 2016 pour assurer la réhabilitation complète du bâtiment. Des procédures longues, qui ont nécessité ces dix années préliminaires aux travaux. Avant l’arrivée des hermines, et pendant les phases d’études, ces locaux ont été habités par des associations, comme Keur Eskemm et Graffiteam, et par un producteur de champignons en circuit court, Mycelihome.

Les travaux débuteront fin 2020, à l’intérieur et à l’extérieur de l’immeuble : réfection de la couverture, des zingueries, des souches de cheminée, des façades. Mais aussi isolation des combles, reprises structurelles, mise aux normes des réseaux, sécurisation incendie, et rénovation globale des six logements et du commerce en rez-de-chaussée. Les logements seront remis sur le marché à des prix de loyers plafonnés dans une logique de mixité sociale à l’échelle du centre-ville. Rendez-vous au second semestre 2022 pour la livraison de cet immeuble flambant neuf, empreint d’histoire !

Les rues Bonne Kozh : les hermines de Pont-aux-Foulons

Début septembre, deux familles d’hermines  ont posé leurs valises au rez-de-chaussée de trois immeubles de la rue Pont-aux-Foulons, dans le centre ancien de Rennes. Pourquoi cette rue ? Et pourquoi ces commerces ?

La rue Pont aux Foulons : un peu d’histoire

À l’image de nombreuses rues du centre ancien de Rennes, certains de leurs noms restent énigmatiques. Car dans la rue Pont aux Foulons, pas de pont. Quant aux foulons… Destination Rennes s’est penché sur l’histoire de cette petite rue pavée ­— un raccourci que les Rennais connaissent bien, pour se rendre directement des commerces aux tables des restaurants et des bars situés place Sainte-Anne.

Le terme « foulons » désigne les moulins à foulons, qui battaient la laine tissée pour la fabrique de draps. Mais pas de moulin dans cette rue : ce sont les foulonniers qui y habitaient avec leurs familles. Le pont quant à lui, permettait de franchir le fossé, qui entourait alors les remparts de la ville. Dans les rapports rédigés par les architectes, on peut d’ailleurs lire qu’au XVIIe siècle, « la rue Pont-aux-Foulons était avant tout un lien entre la ville et l’extérieur : Le pont, facilement escamotable appartenait au système global de défense de Rennes. »

Plan d’Argentré 1616 : on peut y voir le pont de la rue Pont aux Foulons !
Source : Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques

Les habitats des hermines  

Dans cette rue, nos hermines sont logées dans deux immeubles à pans de bois datant du XVIIe au XVIIIe siècle : le 8 et le 14-16 rue Pont aux Foulons. Vous ne verrez cependant qu’une seule et même vitrine pour le 14 et le 16, mais  il s’agit bien de deux bâtiments. 

Tous sont protégés et à conserver d’après le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur  (le fameux PSMV), qui stipule précisément : « Construction dont la démolition, l’enlèvement ou l’altération sont interdits et dont le réaménagement pouvant comporter des interventions sur la structure et ou la répartition des volumes existants est autorisée sous conditions ».

Ces bâtiments, qui ont fait l’objet de modifications et de dénaturations tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, nécessitaient d’importants travaux de réhabilitation. Des diagnostics approfondis — historiques, architecturaux, patrimoniaux, réglementaires et techniques — ont été menés pour identifier précisément les travaux à réaliser. Des permis de construire ont été déposés et obtenus.

Commerce du 8 rue Pont aux Foulons, et ses hermines, à Rennes !

Les enjeux du projet de réhabilitation des immeubles 8 et 14-16 rue Pont aux Foulons portent ainsi sur les reprises structurelles des bâtiments, la réfection complète de leurs enveloppes, la mise aux normes des réseaux, la restructuration des logements et des commerces. Certains éléments architecturaux historiques des bâtiments seront remis en valeur. Pour le 14-16 rue Pont aux Foulons par exemple, la façade arrière sera réouverte de manière à rappeler l’héritage d’un ancien fonctionnement en galeries.

Les travaux, conduits par Territoires Publics, débuteront au premier trimestre 2020, pour 18 à 24 mois — le temps nécessaire pour réhabiliter ces bâtiments, qui font partie du patrimoine architectural de notre centre historique. Des travaux que nous ne manquerons pas de vous faire suivre, ici même ou sur nos réseaux sociaux !

À noter : vous pourrez accéder aux fiches et à des photographies (avant travaux) de ces immeubles, disponibles sur la page dédiée à Bonne Kozh.