Retour sur un chantier exemplaire au 25-27 rue de Penhoët

Dans quelques semaines, les palissades dressées il y a deux ans déjà pour mener les travaux de réhabilitation vont disparaitre. Les passants pourront enfin redécouvrir la magnifique façade en pans de bois côté rue, et pousser la porte de cette bâtisse ancienne de six siècles — car un commerce y ouvrira prochainement. L’occasion de revenir sur un chantier réalisé dans les règles de l’art.

Un peu d’histoire tout d’abord : cette maison à pans de bois, construite à la fin du XVIe siècle, abritait une auberge jusqu’à la fin du XVIIIe. Une étude archéologique conduite par la DRAC (Direction Générale des Affaires Culturelles) a révélé la présence d’une écurie au rez-de-chaussée, d’une grande cheminée au premier niveau pour chauffer la salle de repas et des chambres. Les combles hébergeaient probablement des hôtes. L’entrée de l’auberge se situait alors rue Saint-Michel.

Comme beaucoup d’immeubles du centre ancien, le bâtiment a subi des modifications causant des désordres structurels majeurs. Tout au long des siècles, le 25-27 rue de Penhoët a accueilli des commerces. Un nouvel occupant, le restaurant Yaya, s’y installera bientôt — un concept créé par Pierre-Julien et Grégory Chantzios, associés au chef Juan Arbelaez. Ce choix s’inscrit dans la stratégie commerciale portée par la Ville de Rennes, et témoigne des interventions menées dans le cadre de la mission commerce de notre opération Rennes Centre Ancien

Un chantier titanesque et respectueux du patrimoine rennais

Dès 2011, l’immeuble est identifié comme étant lourdement dégradé. Son unique propriétaire ne souhaitant pas réaliser les travaux nécessaires à la pérennité du bâtiment, Territoires Publics s’en porte acquéreur. Un nouveau diagnostic est effectué en 2016, qui fait état de désordres structurels très importants : les poutres sous-dimensionnées, les éléments porteurs supprimés et l’ajout d’éléments en béton sur la façade en rez-de-chaussée ont notamment affaibli la structure. Par ailleurs, la sécurité incendie n’est pas assurée, et des constructions annexes ont été ajoutées côté cour en désaccord avec le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) du centre ancien.

Les travaux à engager sont conséquents : il faudra notamment démonter l’ensemble de la structure bois pour la remonter à l’identique. Cette mission sera d’ailleurs confiée aux Ateliers Perrault, qui partagent leurs savoir-faire méticuleux sur Instagram.

Mais avant cela, notre équipe a mené les études préalables pour garantir un programme de travaux de qualité et a cherché l’investisseur privé en capacité de financer ces travaux conséquents, dans le respect du bâti ancien patrimonial et de la stratégie commerciale de la Ville de Rennes. 

Une logique partenariale qui porte ses fruits

Dès 2018, l’équipe de Rennes Centre ancien accompagne le futur acquéreur dans l’obtention du permis de construire jusqu’à l’acte de vente définitif fin 2021. Une démarche de longue haleine, qui intègre le SDIS 35 pour la sécurité incendie et l’architecte des Bâtiments de France. Notre mission commerce est également mobilisée, en lien resserré avec le service commerce de la Ville de Rennes. L’enjeu étant de conjuguer animation commerciale, respect du patrimoine et sécurité des biens et des personnes. 

En 2022, les hermines Bonne Kozh du 25-27 rue de Penhoët font leurs valises et les travaux commencent. Les Ateliers Perrault ouvrent le bal et analysent chaque pan de bois. La structure est démontée, les bois sains numérotés pour être conservés et recomposés en atelier. 12 000 quenouilles sont fabriquées pour être posées entre les solives. Les annexes construites de bric et de broc sont démolies. Les façades retrouvent leurs couleurs, côté cour et côté rue. Nos responsables d’opération et nos partenaires sont présents aux côtés du propriétaire et de son architecte KLG Architecte.

En janvier dernier, nous avons dédié une partie de notre journée d’équipe à la visite de cette adresse. La structure est saine, la cheminée restaurée. Ne manquent plus que les raccordements aux réseaux et l’aménagement intérieur, qui se poursuivent au moment où nous écrivons ces lignes. L’établissement Yaya devrait ouvrir ses portes en juin prochain. La vie reprendra dans ce bâtiment réhabilité, au cœur du centre de Rennes.