Les rues Bonnes Kozh : les hermines de la rue Saint-Michel
Le quartier Sainte-Anne, c’est la place des Lices, la rue Pont-aux-Foulons, mais également la mythique rue Saint-Michel. Réputée pour ses nombreux bars, elle porte fièrement le surnom de rue de la soif. Les hermines de Bonne Kozh s’y sont installées, non pas pour trinquer mais pour habiller les vitrines des numéros 8, 19 et 20 pour quelque temps. Que nous préparent-elles ? Découverte.
De la rue Saint-Michel à la rue de la soif
La rue Saint-Michel doit son nom à la chapelle éponyme, démolie au XVe siècle. À cette époque, elle constitue un passage incontournable pour quiconque se dirige vers Saint-Malo ou en revient. L’entrée de Rennes se trouve au niveau de l’actuelle place Rallier du Baty, alors baptisée Porte Saint-Michel. Peu à peu, la population s’accroît autour de la ville et l’affluence, de plus en plus forte, conduit à la création d’hébergements et de lieux de restauration dans le quartier.
La rue débouche sur la place Saint-Michel, que l’on appelle aussi « place du Bout du Monde » à cette époque, et qui laisse voir des scènes peu joyeuses. Pour cause, elle donne vue sur la potence où sont exposées les personnes exécutées. Potence remplacée depuis par la fameuse horloge de la place des Lices.
À mesure que le temps passe, la rue Saint-Michel connaît de nombreux événements allant du comique au tragique — de la venue de Molière pour ses représentations au Couvent des Jacobins, aux meurtres d’Hélène Jegado.
C’est à partir des années 1970 qu’on lui prête le sobriquet de rue de la soif. À l’origine de ce titre, l’augmentation du nombre d’étudiants qui la fréquentent pour se retrouver et lever leur verre aux bonnes nouvelles. Aujourd’hui réputée pour être animée en permanence, la rue Saint-Michel détient le record de France avec un bar implanté tous les sept mètres. Destination Rennes retrace d’ailleurs son histoire, nous offrant par la même occasion un agréable voyage dans le temps.
Quand les hermines occupent les plus vieilles bâtisses de Rennes
C’est aussi rue Saint-Michel que l’on peut trouver la plus vieille maison de Rennes. Située au numéro 13, elle a été construite en 1580. Les autres bâtisses de cette rue ont été érigées aux XVIe et XVIIe siècles sur des parcelles étroites, toutes agencées de la même façon : un couloir latéral, un escalier en façade arrière et des décors sculptés à l’image des sablières que vous pouvez encore apercevoir aujourd’hui aux numéros 17 et 19 en levant la tête.
Aujourd’hui encore, il règne une belle harmonie entre les façades à pans de bois de la rue Saint-Michel. Les trois immeubles que nous vous présentons ici ont été construits entre les XVe et XVIIe siècles.
Les 8, 19 et 20 rue Saint-Michel font peau neuve
Protégés par le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), ces bâtiments ont une grande valeur patrimoniale. Ils ont subi de nombreuses modifications et dégradations, qui ont conduit à la fragilisation de leurs structures et à la division excessive des logements.
Le numéro 8, par exemple, était visé par une prescription de démolition imposée par le règlement d’urbanisme, en raison de la présence d’un logement en fond de cour construit sans autorisation. Le 19 — dont le chantier a été réceptionné en mai 2018 — a quant à lui fait l’objet d’un arrêté d’insalubrité ; les conditions de vie des occupants ne permettant pas d’assurer leur sécurité. Les occupants du numéro 20, eux, ont dû être évacués suite à un arrêté de péril émis en 2008, du fait de la rupture d’une poutre porteuse au 1er étage de l’immeuble.
Nous avons fait l’acquisition de tout ou partie de ces bâtiments en raison de leur état de délabrement. Après l’intervention de tous les acteurs de l’opération Rennes Centre Ancien — architectes, maîtres d’œuvre, pompiers, architecte des bâtiments de France… — lors de la réalisation de diagnostics approfondis, le verdict est tombé : une réhabilitation de fond en comble est nécessaire!
L’objectif : rééquilibrer la charge des bâtiments (en limitant notamment le nombre d’appartements selon la capacité de chaque immeuble) pour garantir leur pérennité, et rendre les habitations secourables et conformes aux normes de salubrité et de confort. Aussi, dans une démarche de diversification de l’offre de logements à destination de publics plus modestes, des logements sont et seront conventionnés en loyer maîtrisé dans ces immeubles.
Quant aux commerces, ils seront restructurés. Leur implantation sera aussi encadrée en vue d’accompagner la diversification des activités au cœur de la rue Saint-Michel. Et si c’était l’occasion de valoriser d’autres savoir-faire en les conjuguant aux bars et restaurants déjà bien implantés ? Rien n’est encore précisément défini pour l’instant, mais ce sont des possibilités que nous pouvons envisager !
Une chose est sûre, la rue de la soif continuera de briller par la beauté de ses bâtiments ! Nous y veillons avec l’aide des hermines, qui gardent un œil sur les chantiers de jour comme de nuit. Elles profitent en même temps de la vue sur les nombreux édifices si caractéristiques du centre historique, qu’il nous tient à cœur de préserver et de valoriser… Affaire à suivre !