L’humidité, l’autre mal des bâtiments du Centre ancien

À force de modifications et à défaut d’entretien, nombreux sont les bâtiments du centre ancien de Rennes à pâtir de l’humidité. Infiltrations, inondations, fragilisation des fondations, pourrissement du bois, apparition de champignons… Autant de pathologies à surveiller avec la plus grande attention et à éradiquer. État des lieux.

Si les immeubles à pans de bois nous renvoient sans cesse à la question de la sécurité incendie, celle de l’eau n’est jamais très loin. En effet, ces bâtisses craignent le feu autant que l’humidité. C’est pourquoi l’une de nos missions est de nous assurer qu’elles en soient protégées.

Les défauts initiaux

Manque d’entretien, interventions inappropriées, méconnaissance de l’architecture et de l’évolution des bâtiments dans leur environnement… Autant de lacunes que nous déplorons au fil de nos découvertes dans le centre historique rennais. Toutefois, il faut reconnaître que la stabilité de certaines bâtisses a toujours été incertaine, due à la fragilité des matériaux utilisés lors de la construction.

En outre, certains des bois mis en oeuvre sont de qualité secondaire et ont été enduits afin d’être protégés de l’eau de pluie. Des enduits pas toujours adaptés, notamment en façade, qui ont conduit à une rétention de l’humidité dans les structures et les maçonneries.

Structure de l'immeuble exposée à l'humidité
Des maçonneries directement exposées à l’humidité.

De même, les planchers bas des rez-de-chaussée, construits à hauteur de rue, subissent le ruissellement des eaux pluviales et sont sujets à des infiltrations. Aussi, lorsque les réseaux d’évacuation ne sont pas entretenus ou sont défectueux, les caves sont également inondées et les fondations s’en trouvent fragilisées.

Les couvertures ne sont pas en reste. Certaines ont été modifiées après leur construction : les toitures des maisons à pignons sur rue, par exemple, ont été altérées et, accessoirement, fragilisées. Cela a eu pour conséquence de les rendre particulièrement vulnérables vis-à-vis de l’humidité : pénétration de l’eau dans les combles et les structures, dégâts des eaux…

Des travaux inappropriés

Si les techniques de construction ont évolué, elles ne sont pas toujours adaptées aux immeubles du Centre ancien. En effet, certaines transformations partaient d’une bonne intention, mais elles n’ont pas toujours été réalisées dans le respect des matériaux, de la capacité et de la configuration initiale des bâtiments.

Avec l’arrivée des normes de confort moderne, des réseaux et des pièces d’eau (cuisine, salle de bain, WC) ont été aménagés dans les habitations qui, à l’origine, n’en étaient pas dotées. Lors de ces travaux, la structure des immeubles a parfois été relayée au second plan : on a notamment oublié que le bois ne supportait pas d’être recouvert de matériaux qui favorisent son pourrissement. C’est le cas avec le béton, le lino et les autres revêtements étanches.

Création de salle d'eau
La création de salles d’eau a contribué à fragiliser les structures.

Aussi, les évacuations d’eaux usées défectueuses et les réseaux d’eau, recouverts d’une chape de béton ou de carrelage, ont été rendus inaccessibles et invisibles. Il est souvent trop tard lorsqu’on détecte une fuite : elle a déjà dégradé l’ensemble du plancher en bois.

Ce problème de pourrissement des bois apparaît également lorsqu’on enduit les façades de ciment. Un matériau qui empêche la bonne aération des pans de bois, et retient l’humidité produite par l’activité humaine à l’intérieur des logements.

Enfin, l’eau de pluie peut s’infiltrer dans les bâtiments, fragilisant leur structure. Les points d’entrée peuvent être divers : appuis de fenêtre défectueux, couvertures fuyardes, chenaux encombrés de feuilles, descentes d’eau mal raccordées… Tous conduisent à un risque de pourrissement des bois.

Les dommages collatéraux

Toutes ces expositions à l’humidité entraînent des désordres structurels. Parmi les désagréments engendrés, on peut notamment mentionner :

  • l’apparition de champignons sur les menuiseries et les boiseries, surtout dans les espaces sombres et mal ventilés comme les caves,
  • la prolifération d’insectes lignivores (qui se nourrissent des bois humides),
  • les infiltrations dans les chapes de béton et dans les murs, pouvant causer un risque d’incendie si l’eau atteint les circuits électriques,
  • la dégradation des pieds de poteaux en bois et des fondations qui assurent le maintien des immeubles.

Des défauts qui mettent en péril l’équilibre des bâtiments — l’eau s’attaque aux éléments porteurs — auxquels il faut remédier. Le tout, en tenant compte des nouveaux impératifs et des normes d’habitabilité actuelles.

Les besoins de ces bâtiments

Il est donc urgent de réagir, de comprendre l’environnement dans lequel ces édifices ont été construits, et de les remodeler dans leur ensemble afin qu’ils soient :

  • adaptés à leur époque,
  • conformes aux normes d’habitabilité et de salubrité,
  • sécurisés face aux risques d’incendie,
  • protégés contre l’humidité grâce à des dispositifs d’aération et des matériaux adaptés en façade.

Tout cela dans le respect du Plan Local d’Urbanisme de la ville de Rennes — et du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV). Car les bâtiments qui trônent fièrement au coeur de la capitale bretonne depuis plusieurs siècles ont tout intérêt à être préservés. Et ce, d’autant plus que les immeubles concernés par la deuxième opération de rénovation du Centre ancien abritent quelque 1 000 logements à réhabiliter !