La structure des bâtiments du Centre ancien de Rennes hier, aujourd’hui et demain

Ils ont été bâtis il y a 200, 300 ans, voire plus. Ils font le charme et la beauté du centre historique. Mais… il y a un mais ! À force de modifications et de négligences, les immeubles à pans de bois, qui enchantent vos visites au coeur de Rennes, se sont dégradés, très lourdement pour certains. Ce n’est pas toujours visible depuis la rue, mais à l’intérieur, on peut être très étonné de l’état de délabrement des parties communes, des façades arrière et des habitations. Comment en sommes-nous arrivés là, comment réaliser un diagnostic et quelles sont les solutions ? Explications.

C’est l’un des piliers de l’opération Rennes Centre ancien : nous assurer que les bâtiments du secteur sauvegardé soient préservés et réhabilités dans le respect de leur conception initiale. Pour cause, la plupart d’entre eux ont fait l’objet de modifications et d’interventions, tout en faisant abstraction de leurs caractéristiques techniques et patrimoniales. D’autres ont aussi subi un manque d’entretien, donnant lieu à l’apparition de pathologies diverses.

La construction… et les évolutions

Vous ne pouvez résister à l’élégance des maisons à colombages lorsque vous déambulez dans les rues du centre historique rennais ? Sachez que cet assemblage en pans de bois constitue avant toute chose le squelette des bâtiments, leur structure primaire.

Toutefois, chaque époque s’est accompagnée de son lot de tendances, d’interventions et de transformations. Parmi les modifications qui ont pu fragiliser ces bâtisses, on peut citer les surélévations, les extensions, la suppression d’éléments de structure dans les combles, ou encore celle de conduits de cheminée. Le but recherché était généralement de gagner de l’espace en altérant ou en ôtant des éléments que l’on trouvait « gênants ».

Lors de ces travaux, les propriétés des bâtiments ont souvent été ignorées. En effet, les différents éléments de charpente forment un ensemble organisé et solidaire, de même que les conduits de cheminée imbriqués les uns avec les autres constituent la « colonne vertébrale » des immeubles.

De l’acier pour remplacer des éléments en bois considérés comme encombrants.

D’autre part, certaines interventions ont eu pour conséquence de surcharger le bâtiment. C’est notamment le cas lorsque l’intérieur a été divisé pour multiplier le nombre de logements, que des chapes de béton ont été créées ou encore que les combles ont été aménagés…
Pour d’autres immeubles, les travaux de maintenance et de réfection ont été totalement inexistants durant plusieurs dizaines d’années. Et ce, alors que les structures dépendent fortement de l’évolution de leur environnement. Elles nécessitent donc d’être entretenues et rénovées régulièrement pour assurer leur stabilité !

Les pathologies et leur effet domino

Outre les interventions préjudiciables ou l’absence d’entretien, l’état de certains bâtiments est parfois la conséquence d’une méconnaissance du terrain dès la construction.

On identifie ainsi plusieurs types de pathologies sur leur structure :

  • – l’usure naturelle,
  • – l’encrassement des enduits,
  • – les infiltrations et le ruissellement d’eau,
  • – les fissures au niveau des élévations,
  • – le pourrissement du bois.

En conséquence, ces immeubles sont touchés à plusieurs endroits et à différents degrés :

  • – les façades sont sujettes à l’humidité,
  • – les escaliers, caves, murs, plafonds et sols sont altérés,
  • – les structures sont infestées d’insectes xylophages (charançons, petites vrillettes… qui se nourrissent de bois mort),
  • – les dispositifs de sécurité incendie sont défectueux voire inexistants,
  • – les canalisations sont obsolètes.

Aujourd’hui, il devient indispensable de garantir la viabilité structurelle de ces édifices, mais il est tout aussi important d’assurer le maintien des normes d’habitabilité (installation de sanitaires, éclairage naturel, aménagement d’un coin cuisine…). Ainsi, il peut être très périlleux d’intervenir sur ces éléments sans faire appel à un homme de l’art. Car c’est ce dernier qui saura comprendre le fonctionnement de la bâtisse dans son ensemble, et qui déterminera comment intervenir sans fragiliser sa stabilité globale.

Escalier d’un immeuble (alors habité) rue Saint-Georges

Le constat et la réhabilitation

Certes, nous ne pouvons pas revenir en arrière ni rétablir avec exactitude l’historique de ces structures. Mais aujourd’hui, grâce aux professionnels spécialisés sur le sujet des immeubles à pans de bois (UDAP, artisans, bureaux d’étude…), nous disposons d’une large connaissance des particularités, de l’histoire et des pathologies de ces bâtiments.

Chaque immeuble étant unique, il faudra commencer par réaliser un diagnostic exhaustif afin de déterminer ses caractéristiques patrimoniales et l’état de sa structure. À partir de cet état des lieux, un programme de travaux pourra être établi, ainsi qu’un calendrier de réalisation. Des données qui seront retranscrites dans un permis de construire instruit par les services de la Ville de Rennes, l’UDAP et le SDIS. Ce n’est qu’après l’obtention de cette autorisation que les propriétaires pourront engager les travaux de réhabilitation de leurs immeubles. Pour cela, ils seront toujours encadrés par les professionnels qui auront assuré la phase de diagnostic et d’élaboration du programme.

Une autre de nos missions consiste à assurer le suivi des procédures instaurées par la mairie et la préfecture lorsqu’un danger est imminent (effondrement de cheminée, décrochage d’enduits, affaissements de plancher, par exemple). Elles visent à mettre en demeure les propriétaires de bâtiments dégradés pour que les travaux nécessaires à leur réhabilitation soient réalisés.

Lorsqu’ils sont pris en main suffisamment tôt, les désordres constatés peuvent être traités sans avoir à déployer de gros moyens financiers, matériels et humains. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de l’entretien et du diagnostic des bâtiments, en cohérence avec leurs caractéristiques patrimoniales et techniques… C’est ainsi que les Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat (OPAH) et le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) prennent tout leur sens !

Les rues Bonnes Kozh : les hermines de la rue Saint-Georges

Nous vous avons déjà présenté les hermines de la place des Lices, de la rue Pont aux Foulons et de la rue Saint-Michel. Elles ont aussi pris leurs quartiers dans un passage incontournable de la vie rennaise : la rue Saint-Georges. Vous pourrez les apercevoir à deux adresses — précisément aux numéros 17 et 24. Que cachent leur fourrure immaculée et ce regard profond ? On vous dit tout !

Qu’y a-t-il dans le passé de la rue Saint-Georges ?

Vous vous y êtes sans doute attardé pour profiter d’un coin de fraîcheur les jours d’été ou manger un morceau avec vos collègues. Mais pourquoi cette rue suscite-t-elle autant d’intérêt ? Un plongeon dans les archives nous renvoie au IIe siècle : on pouvait déjà l’apercevoir dans la cartographie de Ptolémée, au sein de la cité de Condate (nom alors donné à la ville de Rennes). Au XIIIe siècle, la rue Saint-Georges était désignée comme une voie importante menant à l’abbaye éponyme.

Les événements s’enchaînent en 1554, lorsque Henri II sacre Rennes capitale de Bretagne et siège du Parlement, conduisant à l’essor du quartier. Si la rue Saint-Georges est aujourd’hui réputée pour ses commerces et ses crêperies, c’était surtout pour ses hébergements qu’elle était connue à cette époque.

Les appartements et autres hôtels ont été aménagés dans des bâtiments à pans de bois, épargnés par l’incendie de Rennes de 1720. Certains sont d’ailleurs encore intacts et peuvent être vus si vous levez la tête au détour d’une balade ! Aujourd’hui, la rue Saint-Georges abrite pas moins de 13 immeubles classés ou listés au titre des monuments historiques.

Les hermines Bonne Kozh du 17 rue Saint Georges

Que mijotent les hermines du 17 rue Saint-Georges ?

L’immeuble situé au numéro 17 semble être l’un les plus anciens de la rue. Les études et diagnostics réalisés ne permettent pas de le dater avec précision — mais en comparaison avec d’autres bâtiments, on estime qu’il a pu être construit au XVIe siècle. A-t-il abrité de nobles magistrats et leurs familles ? Laissons-nous guider par notre imagination !

Ce bâtiment a été affecté par le temps, le passage et les nombreuses interventions humaines, ce qui a conduit la collectivité à prendre un arrêté d’insalubrité sur l’immeuble pour assurer la sécurité de ses occupants. Des travaux ont donc été réalisés suite à un diagnostic OPAH-RU, conformément au Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV). Les objectifs :

  • remettre en état les façades, intégrant la réparation ou le remplacement des structures défectueuses, la cage d’escalier, les réseaux, le traitement de la cour…
  • mettre en sécurité incendie l’ensemble de l’immeuble (le logement du 3ème étage a été rendu secourable grâce au remembrement avec celui sur rue).
  • réhabiliter lourdement l’ensemble des logements insalubres (trop petits, sans éclairement naturel, sans ventilation…) ;
  • respecter les méthodes de construction et les matériaux d’origine,
  • produire des logements en loyer maîtrisé accessibles à des locataires modestes..

Le chantier a été réceptionné en 2018. Nous avons également acquis le local commercial du rez-de-chaussée, qui abritait auparavant la crêperie Le Kerlouan. À présent, nous avons pour mission de superviser — avec l’aide de tous nos partenaires — les travaux de réhabilitation et de restructuration du local pour le remettre sur le marché en encadrant l’activité future.

Les hermines Bonne Kozh, rue Saint Georges
Les hermines Bonne Kozh du 24 rue Saint-Georges

Et au numéro 24 ?

Construit à la même époque, l’immeuble du 24 rue Saint-Georges a une grande valeur patrimoniale, du fait de sa composition urbaine et architecturale. On peut encore y voir les menuiseries des baies, qui datent du XVIIIe siècle. À ce titre, sa démolition comme son altération sont interdites par le PSMV.

Toutefois, à l’intérieur, les dégradations se sont multipliées d’année en année. Des appartements traversants ont notamment été divisés en logements, et le comble perdu a été aménagé, mettant en danger la structure du bâtiment et ses occupants. Face à l’inaction des propriétaires privés et à ces modifications abusives, la collectivité a décidé d’engager une DUP (Déclaration d’Utilité Publique) de restauration immobilière en 2014 sur l’immeuble. Tout comme pour le local commercial du 17 rue Saint-Georges, nous avons fait l’acquisition de l’ensemble de ce bâtiment en 2017 afin de prendre en main sa restauration.

Aujourd’hui, la priorité est de restructurer et d’améliorer les logements pour produire une nouvelle offre de logement et de réhabiliter le commerce situé au rez-de-chaussée.

Au programme :

  • pallier les difficultés d’accès (escaliers, couloirs, locaux communs de services…),
  • traiter les façades, la couverture, les réseaux, la cage d’escalier notamment,
  • intervenir sur les désordres structurels de l’immeuble,
  • restaurer et redéfinir le comble perdu,
  • fusionner les appartements pour limiter le nombre de logements à un par étage, et passer ainsi de 10 logements à 4,
  • sécuriser l’ensemble de l’immeuble et rendre secourables toutes les habitations,
  • remplacer les menuiseries obsolètes.

Les hermines veilleront au grain pour la “Bonne Kozh” le temps des allées et venues des ouvriers au cœur de la rue Saint-Georges.

Crédits photos : Cyril Folliot et Franck Hamon / Destination Rennes.

Les rues Bonnes Kozh : les hermines de la rue Saint-Michel

Le quartier Sainte-Anne, c’est la place des Lices, la rue Pont-aux-Foulons, mais également la mythique rue Saint-Michel. Réputée pour ses nombreux bars, elle porte fièrement le surnom de rue de la soif. Les hermines de Bonne Kozh s’y sont installées, non pas pour trinquer mais pour habiller les vitrines des numéros 8, 19 et 20 pour quelque temps. Que nous préparent-elles ? Découverte.

De la rue Saint-Michel à la rue de la soif

La rue Saint-Michel doit son nom à la chapelle éponyme, démolie au XVe siècle. À cette époque, elle constitue un passage incontournable pour quiconque se dirige vers Saint-Malo ou en revient. L’entrée de Rennes se trouve au niveau de l’actuelle place Rallier du Baty, alors baptisée Porte Saint-Michel. Peu à peu, la population s’accroît autour de la ville et l’affluence, de plus en plus forte, conduit à la création d’hébergements et de lieux de restauration dans le quartier.

La rue débouche sur la place Saint-Michel, que l’on appelle aussi « place du Bout du Monde » à cette époque, et qui laisse voir des scènes peu joyeuses. Pour cause, elle donne vue sur la potence où sont exposées les personnes exécutées. Potence remplacée depuis par la fameuse horloge de la place des Lices.

À mesure que le temps passe, la rue Saint-Michel connaît de nombreux événements allant du comique au tragique — de la venue de Molière pour ses représentations au Couvent des Jacobins, aux meurtres d’Hélène Jegado.

C’est à partir des années 1970 qu’on lui prête le sobriquet de rue de la soif. À l’origine de ce titre, l’augmentation du nombre d’étudiants qui la fréquentent pour se retrouver et lever leur verre aux bonnes nouvelles. Aujourd’hui réputée pour être animée en permanence, la rue Saint-Michel détient le record de France avec un bar implanté tous les sept mètres. Destination Rennes retrace d’ailleurs son histoire, nous offrant par la même occasion un agréable voyage dans le temps.

Quand les hermines occupent les plus vieilles bâtisses de Rennes

C’est aussi rue Saint-Michel que l’on peut trouver la plus vieille maison de Rennes. Située au numéro 13, elle a été construite en 1580. Les autres bâtisses de cette rue ont été érigées aux XVIe et XVIIe siècles sur des parcelles étroites, toutes agencées de la même façon : un couloir latéral, un escalier en façade arrière et des décors sculptés à l’image des sablières que vous pouvez encore apercevoir aujourd’hui aux numéros 17 et 19 en levant la tête.

Aujourd’hui encore, il règne une belle harmonie entre les façades à pans de bois de la rue Saint-Michel. Les trois immeubles que nous vous présentons ici ont été construits entre les XVe et XVIIe siècles.

La rue Saint-Michel début XXème siècle. Source : WikiRennes

Les 8, 19 et 20 rue Saint-Michel font peau neuve

Protégés par le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), ces bâtiments ont une grande valeur patrimoniale. Ils ont subi de nombreuses modifications et dégradations, qui ont conduit à la fragilisation de leurs structures et à la division excessive des logements.

Le numéro 8, par exemple, était visé par une prescription de démolition imposée par le règlement d’urbanisme, en raison de la présence d’un logement en fond de cour construit sans autorisation. Le 19 — dont le chantier a été réceptionné en mai 2018 — a quant à lui fait l’objet d’un arrêté d’insalubrité ; les conditions de vie des occupants ne permettant pas d’assurer leur sécurité. Les occupants du numéro 20, eux, ont dû être évacués suite à un arrêté de péril émis en 2008, du fait de la rupture d’une poutre porteuse au 1er étage de l’immeuble.

Nous avons fait l’acquisition de tout ou partie de ces bâtiments en raison de leur état de délabrement. Après l’intervention de tous les acteurs de l’opération Rennes Centre Ancien — architectes, maîtres d’œuvre, pompiers, architecte des bâtiments de France… — lors de la réalisation de diagnostics approfondis, le verdict est tombé : une réhabilitation de fond en comble est nécessaire!

L’objectif : rééquilibrer la charge des bâtiments (en limitant notamment le nombre d’appartements selon la capacité de chaque immeuble) pour garantir leur pérennité, et rendre les habitations secourables et conformes aux normes de salubrité et de confort. Aussi, dans une démarche de diversification de l’offre de logements à destination de publics plus modestes, des logements sont et seront conventionnés en loyer maîtrisé dans ces immeubles.

La rue Saint-Michel, aujourd’hui. © Destination Rennes / Bruno Mazodier

Quant aux commerces, ils seront restructurés. Leur implantation sera aussi encadrée en vue d’accompagner la diversification des activités au cœur de la rue Saint-Michel. Et si c’était l’occasion de valoriser d’autres savoir-faire en les conjuguant aux bars et restaurants déjà bien implantés ? Rien n’est encore précisément défini pour l’instant, mais ce sont des possibilités que nous pouvons envisager !

Une chose est sûre, la rue de la soif continuera de briller par la beauté de ses bâtiments ! Nous y veillons avec l’aide des hermines, qui gardent un œil sur les chantiers de jour comme de nuit. Elles profitent en même temps de la vue sur les nombreux édifices si caractéristiques du centre historique, qu’il nous tient à cœur de préserver et de valoriser… Affaire à suivre !

Sécurité incendie : penser à tout et à tous

À Rennes, rien ne prend sauf le feu”, dit l’adage. Pour protéger et préserver le centre historique de la ville, le volet sécurité occupe une place importante dans l’OPAH en cours. Le Service Départemental d’Incendie et de Secours (le SDIS 35) intervient en ce sens, en lien avec les partenaires mobilisés pour l’Opération Rennes Centre ancien.

L’histoire de Rennes est marquée par l’incendie de 1720, qui a ravagé une importante partie de la ville. Pour sécuriser les bâtiments en cours de réhabilitation, nous bénéficions de l’expertise des pompiers. Leur rôle : proposer des solutions pratiques pour tous, et suivre leur exécution à mesure de l’avancement des projets.

Les enjeux de la sécurité incendie dans le centre ancien

Bon nombre d’immeubles du centre ancien ont subi des divisions. Leurs appartements, avec fenêtre uniquement sur cour et leurs escaliers étroits, nécessitent des solutions adaptées en matière de sécurité incendie. Notre objectif : garantir la secourabilité de tous les habitants par les pompiers, éviter la propagation du feu à l’échelle des îlots et respecter les normes en matière de sécurité incendie. Avec, par exemple, l’aménagement des parties communes, les matériaux utilisés ou encore les installations électriques.

Les pompiers, les services des Bâtiments de France et les maîtres d’œuvre se réunissent pour la réhabilitation de chaque immeuble. Ensemble, ils réfléchissent aux aménagements possibles pour répondre à toutes ces exigences. Et prennent soin de les adapter aux différentes configurations existantes.

Les fenêtres, premières issues de secours

Historiquement, les appartements des bâtiments du centre ancien étaient traversants, pour être ensuite divisés en plusieurs logements. Aujourd’hui, le meilleur moyen de les rendre secourables est de les restituer dans une configuration avec fenêtre sur rue. À noter que l’échelle du camion de pompiers peut atteindre une quinzaine d’étages : les habitants côté rue sont donc secourables jusqu’à cette hauteur. Lorsque les fenêtres donnent uniquement sur la cour, les pompiers peuvent exceptionnellement y accéder grâce à une échelle rétractable — aussi appelée échelle Jomy — installée sur la façade.

Enfin, si le couloir d’accès à la cour est en ligne droite, les pompiers peuvent accéder à certaines fenêtres sur cour en utilisant leur échelle deux plans. Une fois dépliée, elle permet d’atteindre une hauteur de 8 mètres et de secourir les occupants jusqu’au deuxième étage. Toutefois, les combattants du feu doivent pouvoir pénétrer dans la cour avec leur échelle sans avoir à manœuvrer, car celle-ci n’est pas rétractable à moins de 4 mètres.

Côté rue ou côté cour, les habitants peuvent donc se poster aux fenêtres pour être vus et secourus rapidement. Elles constituent ainsi les premières issues de secours, d’autant plus que les cages d’escaliers sont susceptibles de se transformer en cheminées verticales et s’enfumer. L’enjeu est d’installer systématiquement un châssis de désenfumage dans les parties communes des immeubles.

Coursives et escaliers à l’air libre

Coursives dans le centre ancien de Rennes. Sécurité incendie.

En plus du charme qu’elles confèrent aux cours intérieures des bâtiments, les coursives constituent une alternative aux appartements inaccessibles pour les pompiers. Elles permettent aux occupants des immeubles dont l’escalier a été aménagé à l’air libre de se secourir de manière autonome, sans risquer d’être asphyxiés par la fumée.

C’est pourquoi il est important de libérer les parties communes — les encombrer serait dangereux.

Le volume d’attente sécurisé, pour les habitations inaccessibles

Volume d'attente sécurisé, dans un immeuble réhabilité grâce à notre OPAH rennes centre ancien

Si certains logements ne sont pas dotés de fenêtres sur rue ou si celles côté cour sont inaccessibles aux secours, le volume d’attente sécurisé peut être une solution. À noter qu’il faudra aménager une pièce de ce type pour chaque étage non secourable par les pompiers — qui devra être pourvue d’une porte coupe-feu, et d’une fenêtre donnant sur la rue pour être vu et secouru.

Tout comme pour les coursives, la circulation vers ces volumes d’attente sécurisés doit être totalement libre et matérialisée par une signalétique adaptée.

Le châssis cabrio pour les logements mansardés

Le châssis cabrio, alternative pour les logements mansardés

Quand le volume du comble est aménagé en logements – ce qui est souvent le cas dans les vieilles bâtisses -, d’autres solutions peuvent être envisagées.

C’est ainsi qu’au 7 rue des Fossés, un châssis cabrio a été installé. Il s’agit d’une fenêtre de toit qui se déplie sur sa partie basse pour créer un balconnet. Les occupants peuvent alors s’y poster pour être secourus par la rue.

Avant d’aboutir à cette solution, l’ABF (Architecte des Bâtiments de France), l’architecte de la copropriété et les pompiers étudient ensemble la faisabilité d’une telle installation d’un point de vue technique, esthétique et sécuritaire.

Une potence, du sur-mesure pour le 29 rue Saint-Melaine

S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème ! Un bel exemple d'alternative en sécurité incendie, pensée pour ce bâtiment dans le centre ancien de Rennes

Certains cas sont particuliers. Architectes et pompiers ont dû trouver une alternative unique pour le 29 rue Saint-Melaine. Pour assurer la secourabilité d’un appartement au dernier étage côté cour, inaccessible en raison de la présence d’un plain-pied au rez-de-chaussée, une potence métallique a été installée perpendiculairement au coin inférieur de la fenêtre. Au sol, une cale en béton a été coulée afin de permettre aux pompiers de poser et stabiliser leur échelle.

Le théorème de Pythagore a encore de beaux jours devant lui puisque la longueur disponible est de 8 mètres, tout pile !

Des dispositions particulières pour les parties communes

Par ailleurs, les parties communes telles que les escaliers, le local à poubelles, les caves ou encore les combles ne sont pas à négliger en raison des matériaux combustibles qui peuvent y être entreposés.  Le recoupement au feu doit donc être assuré.

Enfin, la signalétique fait partie intégrante de la sécurité incendie. Les occupants doivent être clairement informés des solutions à leur disposition, notamment s’ils doivent se secourir eux-mêmes ou s’abriter en attendant l’arrivée des secours.

Fenêtres, volume d’attente sécurisé, coursives… sont autant de solutions accessibles et adaptables en fonction des impératifs de chaque immeuble pour la sécurité des bâtiments et de ses occupants. Ce volet est l’illustration parfaite de la nécessité pour les pompiers, les architectes, les maîtres d’œuvre, les propriétaires et les syndics de copropriété, de travailler main dans la main !

Une OPAH dans le centre ancien de Rennes : pourquoi, et comment ?

Préserver et mettre en valeur le patrimoine du centre ancien de Rennes : c’est le but de la seconde OPAH-RU (Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat de Renouvellement Urbain) en cours. De quoi s’agit-il ?

L’opération Rennes centre ancien s’appuie sur une concession d’aménagement portant sur le périmètre du centre historique de la capitale bretonne. Une concession confiée à Territoires Publics par la Ville de Rennes. Elle intègre une OPAH, convention signée entre l’Etat, l’Agence nationale pour l’habitat (Anah), la Ville de Rennes et Rennes Métropole. Dans le cadre du Renouvellement urbain, il s’agit par extension d’une OPAH-RU.

L’enjeu de l’OPAH-RU : convaincre les investisseurs, propriétaires et copropriétaires de contribuer à l’amélioration ou à la réfection de leurs bâtiments, souvent historiques, grâce à notre palette d’outils incitatifs — de la sensibilisation aux subventions. Notre OPAH couvre le secteur sauvegardé, soit les deux tiers du centre historique de la ville qui s’étend sur un périmètre de 60 hectares.

12 ans pour réhabiliter les bâtiments du centre ancien

La première phase de l’Opération Rennes Centre ancien a été déployée de 2011 à 2016. Elle a permis la réhabilitation de 78 immeubles, soit près de 800 logements du centre historique rennais. Plus d’un millier de logements doivent encore être réhabilités : nous en sommes aujourd’hui à la seconde phase, qui durera jusqu’en 2023. Les secteurs prioritaires de cette deuxième OPAH-RU sont :

  • Saint-Michel/Penhoët/Pont-aux-Foulons/Sainte-Anne
  • Saint-Georges
  • Saint-Melaine
  • Cathédrale
  • Visitation
  • Saint-Malo
  • Pré-Botté
  • Vasselot

La durée d’une OPAH-RU est de cinq ans maximum. Exceptionnellement, la seconde phase de Rennes Centre ancien s’étend sur sept ans. Dans l’ensemble, ce type d’opération s’articule autour de trois grandes étapes :

  • Le diagnostic, pour recenser les dysfonctionnements du quartier ou des immeubles présents dans le périmètre défini. Par dysfonctionnements, on entend notamment les problématiques d’ordre urbain, social, foncier, juridique, immobilier ou encore humain (sécurité et salubrité) ;
  • L’étude pré-opérationnelle, pour énumérer les solutions envisageables suite au diagnostic, et définir les objectifs à déployer en troisième phase ;
  • L’instauration de l’OPAH à part entière, de la phase d’études à la réalisation des travaux.

Accompagner les propriétaires et occupants tout au long de l’opération

L’OPAH-RU bénéficie de deux dispositifs complémentaires : les volets préventif et curatif. Nous les encadrons en assurant le conseil, la proximité et la transparence vis-à-vis de nos interlocuteurs.

L’opération fait par ailleurs l’objet d’un suivi régulier avec, aux commandes, Territoires Publics, la Ville de Rennes, Rennes Métropole et l’Anah. De même, nos partenaires sont de véritables piliers pour le bon déroulement de chaque étape. Ils font preuve d’un engagement sans faille et travaillent de concert avec toute l’équipe de Rennes Centre ancien. Il s’agit en outre du Service Départemental d’Incendie et de Secours (le SDIS 35) — les pompiers —, des Architectes des bâtiments de France (ABF), des syndics de copropriété, des architectes et maîtres d’oeuvre, des notaires et des agences immobilières. Philippe Boucault le disait d’ailleurs dans un précédent article, “C’est une première dans l’histoire de la ville : cette équipe est à la fois pluridisciplinaire et représentative des différentes institutions”.

Six objectifs pour préserver le centre ancien de Rennes

L’OPAH-RU de Rennes combine six enjeux majeurs :

  • Sécuriser l’habitat au risque incendie,
  • Préserver le patrimoine et améliorer les performances thermiques du bâti,
  • Maintenir et diversifier l’offre commerciale,
  • Créer une offre de logements abordable et diversifiée,
  • Restaurer le fonctionnement des copropriétés,
  • Lutter contre l’habitat insalubre et indécent.

120 immeubles et plus de 1 200 logements sont visés par cette seconde OPAH-RU. 35 de ces bâtiments bénéficient d’un accompagnement préventif, et 400 logements conventionnés seront créés. Parmi ces derniers, au moins 240 seront mis sur le marché en loyer social afin de favoriser la mixité sociale dans le centre ancien de la capitale bretonne. Dans cette optique, des subventions financières peuvent être accordées aux propriétaires, aux occupants et aux bailleurs. Leur montant peut atteindre jusqu’à 30% des travaux hors taxes, de même que des aides complémentaires sont accessibles sous conditions.

Cette OPAH-RU permettra donc de préserver les bâtisses qui font l’histoire et le patrimoine de la ville, en assurant la sécurité des occupants et en améliorant le confort des logements. Cela profitera aux occupants, mais aussi aux touristes et aux Rennais de passage pour qui les façades à colombages — vieilles de plusieurs centaines d’années — font partie du décor.

De beaux accomplissements ont déjà vu le jour, en moyenne un chantier de réhabilitation est réceptionné chaque mois.  Les hermines, quant à elles, sont encore dans les parages pour veiller sur les chantiers en cours… D’ici 2023, le cœur de la ville de Rennes continue sa mise en valeur grâce à l’opération Rennes Centre ancien. Ouvrez l’oeil !

Les rues Bonne Kozh : les hermines de la Place des Lices

Après un premier épisode sur les hermines de la rue Pont aux Foulons, nous continuons notre série d’articles à la découverte des commerces et des rues habitées par ces majestueux mammifères — cette fois-ci, Place des Lices.

S’il faut parfois les chercher dans les rues de Rennes, les hermines Bonne Kozh ne sont pas passées inaperçues Place des Lices. Car elles occupent un bâtiment central de ce lieu de vie bien connu des Rennais, pour ses restaurants, ses bars, et surtout pour son grand marché. L’immeuble qui les abrite est situé en hauteur : il faut monter quelques marches pour y accéder. Musiciens, chanteurs, danseurs et spectateurs s’y retrouvent chaque samedi, été comme hiver.

700 ans d’histoire

Le nom de Place des Lices lui a été attribué au XIVe siècle, en 1327 très précisément. Ce champ clos accueillait alors un tournoi entre chevaliers, organisé pour le mariage de la Duchesse de Bretagne. Dix ans plus tard, en 1337, un certain Bertrand Du Guesclin décide de participer à un tournoi sur cette même place, alors qu’il en a l’interdiction — une querelle avec son père l’aurait amené à fuir de chez lui. Masqué et sans blason, il remporte tous ses duels contre une dizaine de chevaliers (12 ou 15 selon les récits), avant de refuser de combattre son père. Son dernier adversaire réussit à faire tomber la visière de son heaume, Bertrand Du Guesclin est démasqué. La foule est en liesse. Son père, ému et fier, reconnaitra ses talents.

Depuis, la place des Lices accueillera d’autres tournois… et les exécutions des criminels, pendus et exposés au pilori. En 1622, le marché s’installe sur cette place encore située hors les murs de la ville, de l’autre côté des remparts. Aujourd’hui, le marché des Lices est le deuxième plus grand marché de France.

Vue aérienne du marché des Lices (2016). Crédit photo : Destination Rennes / Julien Mignot

Les hermines du 11 Place des Lices

Les hermines Bonne Kozh logent temporairement dans cet immeuble du XVIIe siècle. En 2009, la copropriété réalise un diagnostic OPAH qui met en exergue des désordres structurels et des besoins de travaux importants. Les propriétaires privés, ne pouvant faire face à l’importance de la réhabilitation de leur immeuble, décident de vendre leur bien à ville de Rennes.

Dans le cadre de sa concession d’aménagement, Territoires Publics finalise les acquisitions à l’amiable en 2013, et indemnise le locataire commercial en 2016 pour assurer la réhabilitation complète du bâtiment. Des procédures longues, qui ont nécessité ces dix années préliminaires aux travaux. Avant l’arrivée des hermines, et pendant les phases d’études, ces locaux ont été habités par des associations, comme Keur Eskemm et Graffiteam, et par un producteur de champignons en circuit court, Mycelihome.

Les travaux débuteront fin 2020, à l’intérieur et à l’extérieur de l’immeuble : réfection de la couverture, des zingueries, des souches de cheminée, des façades. Mais aussi isolation des combles, reprises structurelles, mise aux normes des réseaux, sécurisation incendie, et rénovation globale des six logements et du commerce en rez-de-chaussée. Les logements seront remis sur le marché à des prix de loyers plafonnés dans une logique de mixité sociale à l’échelle du centre-ville. Rendez-vous au second semestre 2022 pour la livraison de cet immeuble flambant neuf, empreint d’histoire !

Les rues Bonne Kozh : les hermines de Pont-aux-Foulons

Début septembre, deux familles d’hermines  ont posé leurs valises au rez-de-chaussée de trois immeubles de la rue Pont-aux-Foulons, dans le centre ancien de Rennes. Pourquoi cette rue ? Et pourquoi ces commerces ?

La rue Pont aux Foulons : un peu d’histoire

À l’image de nombreuses rues du centre ancien de Rennes, certains de leurs noms restent énigmatiques. Car dans la rue Pont aux Foulons, pas de pont. Quant aux foulons… Destination Rennes s’est penché sur l’histoire de cette petite rue pavée ­— un raccourci que les Rennais connaissent bien, pour se rendre directement des commerces aux tables des restaurants et des bars situés place Sainte-Anne.

Le terme « foulons » désigne les moulins à foulons, qui battaient la laine tissée pour la fabrique de draps. Mais pas de moulin dans cette rue : ce sont les foulonniers qui y habitaient avec leurs familles. Le pont quant à lui, permettait de franchir le fossé, qui entourait alors les remparts de la ville. Dans les rapports rédigés par les architectes, on peut d’ailleurs lire qu’au XVIIe siècle, « la rue Pont-aux-Foulons était avant tout un lien entre la ville et l’extérieur : Le pont, facilement escamotable appartenait au système global de défense de Rennes. »

Plan d’Argentré 1616 : on peut y voir le pont de la rue Pont aux Foulons !
Source : Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques

Les habitats des hermines  

Dans cette rue, nos hermines sont logées dans deux immeubles à pans de bois datant du XVIIe au XVIIIe siècle : le 8 et le 14-16 rue Pont aux Foulons. Vous ne verrez cependant qu’une seule et même vitrine pour le 14 et le 16, mais  il s’agit bien de deux bâtiments. 

Tous sont protégés et à conserver d’après le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur  (le fameux PSMV), qui stipule précisément : « Construction dont la démolition, l’enlèvement ou l’altération sont interdits et dont le réaménagement pouvant comporter des interventions sur la structure et ou la répartition des volumes existants est autorisée sous conditions ».

Ces bâtiments, qui ont fait l’objet de modifications et de dénaturations tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, nécessitaient d’importants travaux de réhabilitation. Des diagnostics approfondis — historiques, architecturaux, patrimoniaux, réglementaires et techniques — ont été menés pour identifier précisément les travaux à réaliser. Des permis de construire ont été déposés et obtenus.

Commerce du 8 rue Pont aux Foulons, et ses hermines, à Rennes !

Les enjeux du projet de réhabilitation des immeubles 8 et 14-16 rue Pont aux Foulons portent ainsi sur les reprises structurelles des bâtiments, la réfection complète de leurs enveloppes, la mise aux normes des réseaux, la restructuration des logements et des commerces. Certains éléments architecturaux historiques des bâtiments seront remis en valeur. Pour le 14-16 rue Pont aux Foulons par exemple, la façade arrière sera réouverte de manière à rappeler l’héritage d’un ancien fonctionnement en galeries.

Les travaux, conduits par Territoires Publics, débuteront au premier trimestre 2020, pour 18 à 24 mois — le temps nécessaire pour réhabiliter ces bâtiments, qui font partie du patrimoine architectural de notre centre historique. Des travaux que nous ne manquerons pas de vous faire suivre, ici même ou sur nos réseaux sociaux !

À noter : vous pourrez accéder aux fiches et à des photographies (avant travaux) de ces immeubles, disponibles sur la page dédiée à Bonne Kozh.

La sécurité incendie, au coeur de notre opération

C’est même la particularité de notre OPAH : les pompiers d’Ille-et-Vilaine, le SDIS 35, sont des acteurs à part entière dans les projets de réhabilitation des immeubles du centre ancien. Du diagnostic à la fin des travaux, le SDIS 35 participe aux différentes réunions et visites de chantier pour proposer des solutions sur le volet sécurité, et en assurer le suivi.

Pourquoi est-ce si important ?

Le centre ancien de Rennes s’est construit et remodelé au fil des siècles, de l’Histoire, des politiques d’aménagement et des usages de ses habitants. Rennes est aussi la ville qui compte le plus de maisons à pans de bois en France. Édifiées entre le XVe et le XVIIe siècle, ces maisons d’habitation ont accueilli de plus en plus de logements, en divisant de manière excessive la surface des bâtiments en appartements de plus en plus nombreux, y compris dans les combles. En parallèle, on observe une densification des constructions sur chaque parcelle, habituellement composée d’un immeuble sur rue et d’une maison sur cours. À titre d’exemple, on compte parfois jusqu’à trois immeubles en cœur d’îlot rue Saint-Georges.

La rue Saint Georges, vue du plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV)
Densification du centre ancien de Rennes : l’exemple de la rue Saint Georges (seules les parties blanches, ou hachurées en vert et en marron, sont libres).

Ainsi, nous constatons aujourd’hui des désordres structurels dans ces bâtiments, en partie dus à la surcharge des étages, à la suppression des cheminées en rez-de-chaussée pour agrandir le commerce, et à des dégâts des eaux à répétition liés à la division des logements. Mais aussi des installations électriques non conformes, qui se sont imbriquées années après années. Ces immeubles sont souvent dépourvus de portes coupe-feu ou d’installations aux normes sécurité incendie. Et pourtant, Rennes a connu de nombreux incidents dans son histoire… Notre mission : assurer la sécurité des occupants de ces immeubles, en lien fort avec les pompiers d’Ille-et-Vilaine.

Des outils et des hommes

Le volet sécurité est inclus dès la phase de diagnostic des bâtiments. Et tout est passé au peigne fin. L’encombrement des parties communes tout d’abord, car les poubelles, les vélos, les poussettes stockées dans les caves ou dans les combles constituent autant de matériaux fortement combustibles, et de risques de départ de feu.

Les réseaux électriques sont systématiquement revus. Pour distinguer les réseaux collectifs de ceux liés à chaque logement, les séparer et installer des gaines coupe-feu. Même chose pour les systèmes de désenfumage, qui facilitent l’évacuation de la fumée. Selon les immeubles, différentes options sont possibles, de la remise à l’air libre des escaliers et coursives, au châssis de désenfumage — une fenêtre posée au niveau du toit, qui peut s’ouvrir grâce à une manette. Le recoupement au feu (portes et planchers coupe-feu notamment) est également étudié lors du diagnostic, entre les logements, le commerce et les parties communes, mais aussi entre les immeubles.

ouvrir des accès aux pompiers dans le centre ancien de Rennes
Rendre perméables (accessibles) les bâtiments au pompiers : l’exemple de la rue Saint Georges

Enfin, la secourabilité des logements est primordiale. Car ceux situés au-delà de 8 mètres de hauteur (soit au second étage) et dépourvus d’une ouverture sur rue, ne peuvent être secourus par les pompiers en cas d’incendie. Selon les immeubles, nous pouvons envisager d’installer une échelle de type Jomy , de regrouper deux logements pour le rendre traversant ou de créer ce que l’on appelle des perméabilités. Toujours rue Saint-Georges, sur l’un des cœurs d’îlots composés de trois immeubles, un accès aux pompiers été créé en sous-sol vers une rue parallèle. Vous pourrez d’ailleurs voir les tracés de ces accès, légendés en pointillés rouges, sur le règlement graphique du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV).

Nous misons bien sûr sur la prévention et la sensibilisation de tous, au travers des actions que nous menons, sur le terrain et en ligne — comme cet article. Nous comptons sur vous pour vous emparer de ce sujet, nous questionner et faire passer le message !

>> Voir aussi : notre vidéo suite à la conférence de presse avec Nathalie Appéré et la visite d’un immeuble réhabilité.

L’ABF vu de l’intérieur

L’Opération Rennes Centre ancien ne pourrait rencontrer le succès qu’on lui connaît sans le concours de tous les acteurs engagés dans notre opération. C’est pourquoi nous leur dédions à chacun une tribune, un portrait, pour présenter leur métier, leurs missions, les hommes et les femmes qui travaillent à nos côtés.

Nous ouvrons ce chapitre avec Philippe Boucault, instructeur pour les Architectes des Bâtiments de France (ABF). L’acronyme exact de ce service de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) est l’UDAP — pour Unité départementale de l’architecture et du patrimoine. Nichés au cœur du centre ancien de Rennes, les locaux de l’UDAP méritent le détour : une fois le portail de la rue du Chapitre franchi, vous pourrez y découvrir le majestueux Hôtel de Blossac, restauré par l’État depuis son acquisition dans les années 80. L’ABF s’y est installé en 1948, et œuvre à préserver le patrimoine historique et architectural du département de l’Ille-et-Vilaine.

ABF, acteur engagé dans l'opération rennes centre ancien

Il était une fois…

Philippe Boucault est intarissable sur le centre ancien de Rennes : arpenter les rues en sa compagnie, c’est redécouvrir des bâtiments mille fois côtoyés par les Rennais. Il vous y contera l’histoire architecturale de la ville, et saura déchiffrer celle d’un bâtiment, d’une façade, d’une porte. Car depuis les années 80, le centre historique de la ville est son terrain de jeu. Philippe Boucault l’affirme : « nous interprétons un règlement, à la lumière de l’Histoire. Formuler un avis, c’est le démontrer, l’expliquer, et proposer des solutions pour que le projet ait lieu. »

Peut-être l’avons-nous oublié : les quartiers anciens des villes françaises auraient un tout autre visage s’ils n’avaient pas été protégés au fil des années. C’est d’ailleurs André Malraux qui, en 1962, s’empare du sujet avec sa loi éponyme : il est urgent de préserver et de réhabiliter le patrimoine des villes à l’échelle nationale. Car après-guerre, les projets d’urbanisation menacent ces quartiers, alors populaires. Des pans entiers de Sarlat, de Lyon, ou du Marais à Paris auraient été détruits sans l’intervention du ministre — qu’on connaît davantage aujourd’hui pour ses œuvres littéraires. Rennes est tout aussi concernée : les quais et certains immeubles historiques de la Place des Lices (comme l’hôtel du Molant) auraient ainsi été rasés s’ils n’avaient pas été protégés. Philippe Boucault souligne d’ailleurs : « le régime de protection patrimoniale de Rennes est unique en France, et dans le monde. »

Les missions de l’ABF s’inscrivent dans cette droite ligne. Dans les années 80, elles se limitaient à l’enveloppe des bâtiments : « la ville est crasseuse, les façades sont délaissées et ont subi les outrages de la fin du XIXe et du début du XXe : elles sont réparées, colmatées avec des mortiers qui n’ont fait qu’achever la pierre elle-même. » Philippe Boucault se souvient : « On remet tout à plat. Mais on ne s’occupe alors que de la peau des bâtiments, car nous n’étions pas assez expérimentés pour assurer le contrôle des ouvrages intérieurs. » Aujourd’hui, l’ABF intervient sur le secteur sauvegardé de la ville de Rennes, et dans tout le département. Une équipe d’une dizaine de personnes conseille, sensibilise, étudie, analyse, interprète les travaux à mener à l’intérieur comme à l’extérieur, auprès des commerçants et des particuliers.

L’ABF et l’Opération Rennes Centre ancien

À l’image de tous les acteurs engagés dans notre Opération, Philippe Boucault est investi, convaincu et présent dès l’étape du diagnostic jusqu’à la fin des travaux. « Le diagnostic est une particularité rennaise, car nous avons réussi à intégrer une analyse poussée du bâti bien en amont des projets de réhabilitation. Ce qui limite les surprises plus tard, lors des travaux. On peut ainsi faire des trous dans les murs pour découvrir ce qu’ils cachent — des vestiges de remparts ou des anciennes galeries, qui ont pu être recouverts par de multiples enduits au fil des années. »

L’ABF apporte son conseil sur les matériaux, les teintes, les choix d’aménagement, toujours en lien avec le règlement — ici le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV). « C’est un travail concerté, avec toutes les parties prenantes. » Philippe Boucault ajoute : « Notre logique n’est pas purement esthétique, ou capricieuse. C’est la justesse du propos, de l’interprétation du règlement qui prime. » Il insiste d’ailleurs : « nous ne sommes ni poussiéreux, ni ancrés dans le passé. Nous proposons des solutions qui s’inscrivent dans le temps présent. Par exemple, opter pour des menuiseries en acier, qui racontent ainsi une nouvelle étape dans l’évolution du bâti. »

Philippe Boucault conclut : « pour Rennes Centre ancien, nous avons un groupe opérationnel absolument remarquable. C’est une première dans l’histoire de la ville : cette équipe est à la fois pluridisciplinaire et représentative des différentes institutions. »

Un grand merci à Philippe Boucault pour sa disponibilité et sa passion communicative !

Crédit photo rue du Chapitre : Destination Rennes / Franck Hamon

Les hermines, pour la Bonne Kozh du centre ancien de Rennes

Il y a un mois tout pile, des hermines apparaissaient mystérieusement dans certains commerces du centre historique de Rennes. Au total, 59 d’entre elles se sont installées au pied de 13 immeubles. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la presse, les réseaux sociaux et les acteurs aux manettes de cette initiative, baptisée Bonne Kozh, ont levé le voile sur ce projet devenu réalité — grâce au génie créatif et toujours surprenant de Kerozen, qui a su répondre aux enjeux formulés par la Ville de Rennes et Territoires. 

Bonne Kozh n’est pas seulement une action de communication, c’est un moyen pour nous de valoriser ces immeubles et commerces qui se préparent à une nouvelle vie. Les rues qui accueillent nos hermines s’animent et s’enorgueillissent de leur présence, quasi réelle. Les commerçants et les passants posent un regard neuf sur ces vitrines désormais habitées. Et nous sommes fiers de les avoir adoptées !

Des commerces en mouvement

L’objectif de cette initiative est de rendre visible l’invisible. Car ces commerces a priori vacants ou à l’abandon font l’objet de toutes nos attentions. Temporairement en suspens, ils seront bientôt en travaux, dans des immeubles que nous réhabilitons ou qui l’ont déjà été — vous pourrez d’ailleurs les découvrir sur notre carte interactive

Ces bâtiments dégradés, insalubres et dangereux pour leurs occupants, ont été acquis par Territoires qui pilote l’Opération Rennes Centre ancien. Les pas de porte ont été naturellement englobés dans les projets de réhabilitation. Les diagnostics sont désormais finalisés, les travaux planifiés et imminents pour ces immeubles qui hébergent nos hermines. 

En attendant le début des travaux, nous souhaitions redorer le blason de ces bâtiments oubliés et parfois peu appréciés des Rennais. Par rebond, les hermines participent à la vie de quartier, à l’image positive de leurs rues, pour les habitants, les passants et les commerçants. C’est d’ailleurs tout l’objet du Plan d’Action « Commerces de Centre-Ville » porté par Rennes Métropole et la Ville de Rennes.

D’ici deux à trois ans — selon la durée de travaux pour chaque immeuble —, les rues du centre ancien de Rennes accueilleront de nouveaux commerces, de nouvelles activités… pour animer encore un peu plus le cœur de ville ! 

Un mot sur l’Opération Rennes Centre ancien 

Discrète jusqu’alors, notre opération œuvre sur le terrain depuis 2011. Notre mission : préserver le patrimoine architectural et historique dans le centre ancien de Rennes, et assurer la sécurité de ses habitants. Car bon nombre des immeubles que nous côtoyons au quotidien sont vétustes, dégradés et parfois indignes. Souvent délaissés au fil des années, des décades et des siècles, les bâtiments ont aussi été réaménagés et divisés en lots. En résultent des déséquilibres structurels, des logements impropres à l’habitation et une détérioration du patrimoine historique de la ville. La sécurité, notamment incendie, est un enjeu majeur de notre opération.

Ainsi, 1500 logements ont été réhabilités dans le centre ancien de Rennes lors de la première phase de notre opération, entre 2011 et 2016. Depuis, nous avons signé une seconde concession d’aménagement et une nouvelle convention OPAH-RU, pour sept ans. D’ici à 2023, nous avons pour ambition de restaurer 1 000 logements. Et des commerces, amoureusement gardés par les hermines Bonne Kozh.

Merci à Destination Rennes et à Franck Hamon pour la photo publiée en une de cette article !