Cheminées

Colonnes vertébrales des immeubles du centre ancien

Les cheminées ont constitué pendant longtemps un élément de confort essentiel aux habitants des immeubles du centre ancien de Rennes.
La plupart du temps adossées aux murs mitoyens, elles constituent une forme de colonne vertébrale de l’immeuble, fondamentale dans sa constitution. Ainsi, au fur et à mesure que l’on monte dans les étages, on constate que les conduits de cheminée sont positionnés les uns devant les autres : chaque cheminée repose en encorbellement sur celle du dessous.
Certains travaux peuvent entraîner des désordres structurels si, par exemple, le foyer de la cheminée du rez-de-chaussée a été supprimé. À noter que les cheminées occupent un espace important dans les étages supérieurs. Dans les immeubles étroits, elles peuvent représenter jusqu’à la moitié de la largeur du logement !
Ce principe d’encorbellement disparaît progressivement à partir du XVIIIe siècle.
Les matériaux utilisés et le soin apporté aux décors de ces cheminées évoluent selon les époques de construction et les finances du propriétaire de l’immeuble.


Coeur d’îlot

Répartir, découper, regrouper

Si ce terme ne vous est pas familier, il est très largement utilisé dans les domaines de l’urbanisme et de l’architecture. Il désigne tout simplement une parcelle de terrain, qui rassemble un petit ensemble de maisons ou d’immeubles.

La notion d’îlot a aussi une origine patrimoniale : son découpage, historique, est lié à celui de la création des voies et de la répartition des propriétés. Dans le centre ancien de Rennes, il a peu évolué depuis ses origines.

Côté rue, on distingue en général chaque îlot par la largeur de la façade d’un même bâtiment, et du commerce situé en rez-de-chaussée. Côté cour, ces îlots peuvent cacher un, deux, voire trois immeubles — comme rue Saint-Georges. C’est justement cette partie cachée qu’on qualifie de « cœur d’îlot ».


Comble rennais / lucarne à la rennaise

Une spécificité rennaise

Il s’agit d’une forme architecturale que l’on rencontre quasi-exclusivement dans le Centre Ancien de Rennes, d’où son appellation.

Ces grandes lucarnes aménagées dans le toit permettaient de libérer un espace important, tout en dérogeant à l’impôt. En effet, les combles n’étaient pas considérés à l’époque comme un espace habitable, et n’étaient donc pas taxés.
Ces combles ont pu être créés suite à la transformation des toits des maisons à pignon sur rue en maisons à façades à gouttereau.


Concession d’aménagement

Déléguer pour agir

L’Opération Rennes Centre ancien est une concession d’aménagement.

Une concession d’aménagement est un contrat entre une personne publique (ici, la Ville de Rennes) et un aménageur (en l’occurrence Territoires Publics). Avec ce transfert de maîtrise d’ouvrage, nous pouvons ainsi déployer toute une panoplie d’outils, incitatifs et coercitifs (DUP, RHI…), pour mener à bien notre projet : lutter contre l’habitat indigne ou insalubre, et préserver le patrimoine historique du centre ancien de Rennes.


Décors du pan de bois

Quand les maisons se parent de leurs plus beaux atours

Plus ou moins élaborées et soignées selon le programme et le commanditaire de l’immeuble — de ses moyens financiers et de son statut social —, ces attentions décoratives pouvaient se traduire de deux manières :

  • – Soit certaines pièces de bois, clefs dans la structure du bâtiment, étaient sculptées et peintes. Il s’agissait le plus souvent des sablières (c’est-à-dire les poutres horizontales qui reçoivent le bas des chevrons de la couverture) et de certains linteaux de portes. Les thèmes des décors pouvaient être issus du registre religieux, de la fête, du bestiaire fantastique, du décor végétal et des formes géométriques,…
  • – Soit l’organisation des décharges était très travaillée, avec des formes en losange, en croix (cf. croix de Saint-André), en épis (également appelé en chevron), etc.

Ces décors témoignent de la richesse et de la diversité du patrimoine architectural du Centre Ancien de Rennes !


Encorbellement (maisons en)

Tendance Moyen-âge et Renaissance

À la fin du Moyen-âge et au début de la Renaissance, les maisons à pans de bois se développent. on les qualifie aussi de maisons en encorbellement, c’est-à-dire avec un ou plusieurs étages en saillie sur le rez-de-chaussée. Ce qui présentait plusieurs avantages :

  • – Le renforcement de la stabilité des planchers, en limitant la concentration d’assemblages dans une même pièce de bois,
  • – Le gain de surface dans chaque étage et la diminution des taxes calculées par rapport à la superficie en rez-de-chaussée,
  • – La protection des façades vis-à-vis du ruissellement des eaux pluviales.

Pour autant, ces maisons en encorbellement ont l’inconvénient de limiter la luminosité des logements, mais aussi la pénétration du vent et du soleil dans des rues médiévales déjà bien étroites, servant d’égout commun à tout le voisinage. Ce contexte favorisait le développement d’épidémies.

Ainsi, à partir du début du XVIIe, on abandonne progressivement l’encorbellement à Rennes, et les façades sur rue s’aplanissent.


Escaliers

Fonctionnalité et histoire

Au-delà de son aspect fonctionnel — pour desservir les niveaux d’un immeuble ou deux immeubles mitoyens —, l’escalier est un élément architectural qui raconte l’histoire du bâtiment qu’il occupe.
Ainsi, il témoigne de son époque de construction, du savoir-faire des artisans et des finances du propriétaire.

La mise en œuvre, la qualité des matériaux et l’esthétique d’un même escalier peuvent varier selon les étages, en fonction du statut social de leur occupant. Les étages sous combles, lieu de vie des domestiques, étaient les moins bien traités.
L’escalier peut être monumental et doté d’un à deux niveaux construits en pierre de taille, puis en bois pour les volées supérieures.

Les rampes font partie intégrante de l’esthétique d’un escalier et présentent également des variantes dans leur mise en œuvre. Elles indiquent également les moyens financiers des propriétaires. Du plus opulent au plus sobre : fer forgé, à balustre en bois tourné, à balustres plats.


Façades à pignons sur rue / façades à gouttereau

Un peu d'histoire architecturale

Au début des maisons à pans de bois, il était d’usage de bâtir le mur pignon en façade rue, permettant ainsi aux charpentes d’être accolées les unes aux autres. Ce type de bâtiment était particulièrement adapté aux parcelles étroites et profondes des villes moyenâgeuses. Ces maisons posaient toutefois le problème de l’entretien des chéneaux récupérant les eaux pluviales des toitures. Peu accessibles, et dans des matériaux pas toujours adaptés — le plomb étant un matériau rare à cette époque —, des infiltrations d’eau se produisaient régulièrement, détériorant ainsi les murs mitoyens. Autre problème : ces toitures avaient tendance à faciliter la propagation du feu d’un immeuble à l’autre, via l’imbrication des charpentes.

Ainsi, autour de la seconde moitié du XVIe siècle, le pignon sur rue est interdit. Progressivement, les maisons modifient l’orientation et le volume de leur toit, en disposant leur faitage et leurs chéneaux parallèlement à la rue. C’est la généralisation des maisons à façades gouttereau.


Galeries et coursives

Si vous ne pouvez pas les voir depuis la rue, les galeries et coursives de notre centre ancien méritent le détour. Implantées dans les cours des immeubles, ces ouvrages constituent une forme typique que l’on trouve dans les immeubles rennais, du Moyen-Âge parfois jusqu’au XIXe siècle.

Leur fonction : relier deux immeubles ensemble et créer des accès mutualisés aux étages. Outre leurs qualités architecturales et patrimoniales, les galeries et coursives assurent la mise en sécurité des personnes en cas d’incendie : elles permettent aux résidents de sortir à l’air libre directement depuis leur logement.

Pour autant, ces ouvrages ont été fermés au fil des années et annexés à l’espace de vie dans le but d’agrandir les logements. Un des enjeux de réhabilitation de ces immeubles est donc d’essayer de redonner leur fonction d’origine à ces coursives et galeries.


Maçonnerie

Le marriage de la pierre et du bois

Les maisons en pans de bois sont-elles exclusivement constituées de bois ? Pas tout à fait !
Avant le XVIe siècle, les immeubles sont parfois élevés entre deux murs latéraux construits en maçonnerie de moellons de schiste, et parfois de pierre de taille. Ces murs mitoyens jouent un double rôle : de pare-feu entre deux immeubles, et de raidisseur de la structure de l’édifice.
La régularisation du cours de la Vilaine à la fin du XVIe siècle facilite l’acheminement de matériaux de constructions non locaux, comme le granit, les pierres calcaires et l’ardoise. Se développent alors de nouvelles compositions architecturales, avec l’apparition d’immeubles en pan de bois avec un rez-de-chaussée maçonné.
Ce type de surélévation permet notamment de protéger la structure bois du bâtiment du ruissellement des eaux pluviales dans les espaces extérieurs.


OPAH-RU

Aider et soutenir les propriétaires privés

OPAH est l’acronyme d’Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat. C’est une convention signée entre l’État, l’Anah et la collectivité contractante — ici, Rennes Métropole. Elle vise à favoriser le développement du territoire par la réhabilitation de l’habitat privé ancien, sur une durée limitée de 3 à 5 ans en moyenne. L’acronyme RU précise la particularité de l’OPAH déployée, ici le Renouvellement Urbain.

C’est notre outil incitatif phare, car il permet aux propriétaires et copropriétaires privés de bénéficier d’aides financières, techniques et administratives, de l’amont à la fin des travaux. Notre opération a bénéficié de deux OPAH-RU : la première entre 2011 et 2016, suivi d’une seconde qui s’achèvera en 2023.


Pan de bois enduits

Pourquoi recouvrir les pans de bois ?

En réalité, la plupart des immeubles en pans de bois ont vocation à être enduits :

  • – pour protéger la structure du bâtiment de l’eau de pluie,
  • – et parce que les bois mis en œuvre sont des bois de seconde qualité, qui ne présentent pas de décor particulier.

Cependant, lorsque l’immeuble a été construit avec des bois de qualité, mis en œuvre de façon soignée et décorée, les pans de bois sont laissés apparents Ici, il s’agit de respecter la conception d’origine du bâtiment.

Sur d’anciennes gravures représentant les immeubles du Centre Ancien de #Rennes, on constate d’ailleurs que peu de pans de bois étaient laissés apparents.
L’enduit initialement utilisé était à base de terre, un matériau accessible et peu cher. Plus tard, il sera réalisé avec de la chaux, un matériau importé donc plus onéreux.


Pans de bois

Entre patrimoine et architecture

Le pan de bois est un mode constructif largement répandu à Rennes entre les XVe et le XVIIIe siècles. Les matériaux utilisés provenaient des ressources locales, bon marché. Le bois (essentiellement du chêne) était issu des haies bocagères situées à proximité, ou des forêts un peu plus éloignées (comme la forêt de Liffré). Le torchis, lui, était conçu principalement à partir de l’argile que l’on trouvait dans le sous-sol.

Les pans de bois constituent la structure du bâtiment, formée par l’assemblage de bois dits « courts » pour créer :

  • – des éléments horizontaux (sablières),
  • – des éléments verticaux (poteaux),
  • – des éléments obliques qui assurent le contreventement, aussi appelé décharge (comme ceux en forme de croix, au joli nom de « croix de Saint-André »).

Enfin, les pans de bois sont le plus souvent remplis par du torchis (c’est-à-dire un mélange d’argile et de paille hachée) qui joue un rôle de protection et d’isolant thermique.


Résorption de l’habitat insalubre / RHI

Lutter contre l’habitat insalubre

Cet acronyme cache l’un des dispositifs phares de notre opération.

Initiée dans les années 70 pour éradiquer les bidonvilles, cette procédure vise aujourd’hui à lutter contre l’habitat insalubre, grâce aux financements de l’État et des collectivités. L’objectif ? Créer des logements sociaux, en cœur de ville. L’opération Rennes Centre ancien a cependant une particularité : nous réhabilitons et rénovons les immeubles, alors que la RHI mène à la destruction des bâtiments pour construire de nouveaux logements.

À savoir : un habitat insalubre présente des désordres sanitaires importants pouvant porter atteinte à la santé et la sécurité de ses occupants.

>> Voir aussi notre vidéo sur la RHI


Sites patrimoniaux remarquables / PSMV

Préserver le patrimoine du centre ancien de Rennes

Les sites patrimoniaux remarquables sont la nouvelle dénomination du secteur sauvegardé. Dans le centre ancien de Rennes, c’est plus précisément le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (le PSMV) qui fait office de plan local d’urbanisme (PLU).

En d’autres termes, c’est le document de référence pour l’aménagement, la construction, la rénovation des immeubles et des logements situés dans ce périmètre. Il vise à la fois à protéger et à pérenniser le patrimoine architectural du centre ancien de Rennes. Il détermine en particulier les éléments et les constructions protégées, les espaces constructibles et les dispositions particulières — comme les accès aux pompiers, à créer ou à conserver.

Notre opération couvre le PSMV (et au-delà) : ses diagnostics et son règlement sont nos outils de travail au quotidien.