Sécurité incendie : penser à tout et à tous
“À Rennes, rien ne prend sauf le feu”, dit l’adage. Pour protéger et préserver le centre historique de la ville, le volet sécurité occupe une place importante dans l’OPAH en cours. Le Service Départemental d’Incendie et de Secours (le SDIS 35) intervient en ce sens, en lien avec les partenaires mobilisés pour l’Opération Rennes Centre ancien.
L’histoire de Rennes est marquée par l’incendie de 1720, qui a ravagé une importante partie de la ville. Pour sécuriser les bâtiments en cours de réhabilitation, nous bénéficions de l’expertise des pompiers. Leur rôle : proposer des solutions pratiques pour tous, et suivre leur exécution à mesure de l’avancement des projets.
Les enjeux de la sécurité incendie dans le centre ancien
Bon nombre d’immeubles du centre ancien ont subi des divisions. Leurs appartements, avec fenêtre uniquement sur cour et leurs escaliers étroits, nécessitent des solutions adaptées en matière de sécurité incendie. Notre objectif : garantir la secourabilité de tous les habitants par les pompiers, éviter la propagation du feu à l’échelle des îlots et respecter les normes en matière de sécurité incendie. Avec, par exemple, l’aménagement des parties communes, les matériaux utilisés ou encore les installations électriques.
Les pompiers, les services des Bâtiments de France et les maîtres d’œuvre se réunissent pour la réhabilitation de chaque immeuble. Ensemble, ils réfléchissent aux aménagements possibles pour répondre à toutes ces exigences. Et prennent soin de les adapter aux différentes configurations existantes.
Les fenêtres, premières issues de secours
Historiquement, les appartements des bâtiments du centre ancien étaient traversants, pour être ensuite divisés en plusieurs logements. Aujourd’hui, le meilleur moyen de les rendre secourables est de les restituer dans une configuration avec fenêtre sur rue. À noter que l’échelle du camion de pompiers peut atteindre une quinzaine d’étages : les habitants côté rue sont donc secourables jusqu’à cette hauteur. Lorsque les fenêtres donnent uniquement sur la cour, les pompiers peuvent exceptionnellement y accéder grâce à une échelle rétractable — aussi appelée échelle Jomy — installée sur la façade.
Enfin, si le couloir d’accès à la cour est en ligne droite, les pompiers peuvent accéder à certaines fenêtres sur cour en utilisant leur échelle deux plans. Une fois dépliée, elle permet d’atteindre une hauteur de 8 mètres et de secourir les occupants jusqu’au deuxième étage. Toutefois, les combattants du feu doivent pouvoir pénétrer dans la cour avec leur échelle sans avoir à manœuvrer, car celle-ci n’est pas rétractable à moins de 4 mètres.
Côté rue ou côté cour, les habitants peuvent donc se poster aux fenêtres pour être vus et secourus rapidement. Elles constituent ainsi les premières issues de secours, d’autant plus que les cages d’escaliers sont susceptibles de se transformer en cheminées verticales et s’enfumer. L’enjeu est d’installer systématiquement un châssis de désenfumage dans les parties communes des immeubles.
Coursives et escaliers à l’air libre
En plus du charme qu’elles confèrent aux cours intérieures des bâtiments, les coursives constituent une alternative aux appartements inaccessibles pour les pompiers. Elles permettent aux occupants des immeubles dont l’escalier a été aménagé à l’air libre de se secourir de manière autonome, sans risquer d’être asphyxiés par la fumée.
C’est pourquoi il est important de libérer les parties communes — les encombrer serait dangereux.
Le volume d’attente sécurisé, pour les habitations inaccessibles
Si certains logements ne sont pas dotés de fenêtres sur rue ou si celles côté cour sont inaccessibles aux secours, le volume d’attente sécurisé peut être une solution. À noter qu’il faudra aménager une pièce de ce type pour chaque étage non secourable par les pompiers — qui devra être pourvue d’une porte coupe-feu, et d’une fenêtre donnant sur la rue pour être vu et secouru.
Tout comme pour les coursives, la circulation vers ces volumes d’attente sécurisés doit être totalement libre et matérialisée par une signalétique adaptée.
Le châssis cabrio pour les logements mansardés
Quand le volume du comble est aménagé en logements – ce qui est souvent le cas dans les vieilles bâtisses -, d’autres solutions peuvent être envisagées.
C’est ainsi qu’au 7 rue des Fossés, un châssis cabrio a été installé. Il s’agit d’une fenêtre de toit qui se déplie sur sa partie basse pour créer un balconnet. Les occupants peuvent alors s’y poster pour être secourus par la rue.
Avant d’aboutir à cette solution, l’ABF (Architecte des Bâtiments de France), l’architecte de la copropriété et les pompiers étudient ensemble la faisabilité d’une telle installation d’un point de vue technique, esthétique et sécuritaire.
Une potence, du sur-mesure pour le 29 rue Saint-Melaine
Certains cas sont particuliers. Architectes et pompiers ont dû trouver une alternative unique pour le 29 rue Saint-Melaine. Pour assurer la secourabilité d’un appartement au dernier étage côté cour, inaccessible en raison de la présence d’un plain-pied au rez-de-chaussée, une potence métallique a été installée perpendiculairement au coin inférieur de la fenêtre. Au sol, une cale en béton a été coulée afin de permettre aux pompiers de poser et stabiliser leur échelle.
Le théorème de Pythagore a encore de beaux jours devant lui puisque la longueur disponible est de 8 mètres, tout pile !
Des dispositions particulières pour les parties communes
Par ailleurs, les parties communes telles que les escaliers, le local à poubelles, les caves ou encore les combles ne sont pas à négliger en raison des matériaux combustibles qui peuvent y être entreposés. Le recoupement au feu doit donc être assuré.
Enfin, la signalétique fait partie intégrante de la sécurité incendie. Les occupants doivent être clairement informés des solutions à leur disposition, notamment s’ils doivent se secourir eux-mêmes ou s’abriter en attendant l’arrivée des secours.
Fenêtres, volume d’attente sécurisé, coursives… sont autant de solutions accessibles et adaptables en fonction des impératifs de chaque immeuble pour la sécurité des bâtiments et de ses occupants. Ce volet est l’illustration parfaite de la nécessité pour les pompiers, les architectes, les maîtres d’œuvre, les propriétaires et les syndics de copropriété, de travailler main dans la main !